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Niger

Profil national

Introduction

Information générale

Le Niger est un pays source, de transit et de destination  pour les enfants et les femmes, victimes de la traite des êtres  humains aux fins d’exploitation par le travail et aux fins de  prostitution forcée. La pratique de l’esclavage basée sur le  système de castes est enracinée dans les relations ancestrales  esclaves/maîtres et continue à être monnaie courante dans  le nord du pays. Les enfants sont trafiqués sur le territoire  nigérien et forcés à mendier par des instructeurs religieux  connus sous le nom de marabouts; ils sont également forcés  à travailler dans les mines d’or, dans l’agriculture et dans  les carrières de pierres; ils sont forcés à travailler comme  esclaves domestiques ou à se prostituer. Les enfants nigériens,  et principalement les filles, sont victimes de l’exploitation  sexuelle commerciale le long de la frontière avec le Nigeria ;  les garçons, eux, sont trafiqués au Nigeria et au Mali comme  main-d’œuvre ou comme mendiants. Le Niger est un pays de  transit pour les hommes, les femmes et les enfants originaires  de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest qui migrent  vers l’Afrique du Nord et l’Europe occidentale. Sur leur  route, ils sont en général victimes du travail forcé ou du trafic  sexuel. Les migrants originaires d’Afrique de l’Ouest sont en  général victimes des trafiquants lorsqu’ils transitent au Niger  en direction de la Libye ou à destination de l’Algérie et du  Maroc pour atteindre l’Europe. L’aide européenne apportée  au Gouvernement pour la mise en œuvre de sa loi de lutte contre la traite de 2015, qui visait à  limiter la migration irrégulière à travers le Niger, a en fait favorisé le développement de la migration  sous-terraine et accru la vulnérabilité des migrants qui deviennent victimes de la traite des réseaux  criminels à des fins d’exploitation par le travail forcé et de prostitution.


Données et tendances 

En 2018, le Gouvernement a reporté avoir identifié plus de 70 victimes (principalement des  femmes et des filles originaires du Bénin et du Nigeria). Ce chiffre est inférieur aux 108 victimes  identifiées l’année précédente. Le Gouvernement a également signalé qu’il enquêtait sur 28 potentiels  trafiquants, que 27 cas étaient jugés et impliquaient 27 accusés, et que 11 trafiquants avaient été  condamnés dans le cadre de la loi anti-traite de 2010 pendant la période concernée alors que  seulement 29 suspects étaient en cours d’investigation, qu’un seul cas était jugé et qu’aucune  condamnation n’avait eu lieu l’année précédente. Récemment, en janvier 2020, la police du Niger a  sauvé 232 victimes de la traite des êtres humains – dont 46 victimes de moins de 18 ans – lors d’une  opération menée avec l’appui d’INTERPOL et visant des groupes criminels d’Afrique de l’Ouest. Il  est également établi que de plus en plus de nouvelles formes de recrutement ont lieu sur les réseaux  sociaux, ce qui soulève de nouveaux challenges. Entre 2016 et 2019, l’OIM a assisté 331 victimes  de la traite, essentiellement des femmes et des enfants (184 femmes, 92 enfants, 55 hommes,  principalement originaires du Nigeria, du Bénin et du Niger). 26 victimes ont été rapatriées au Niger  au cours de la même période.

Cadre législatif et politique

Conditions d’entrée sur le territoire

Tous les ressortissants des 15 pays membres de la CEDEAO peuvent voyager/entrer dans  le pays avec une carte nationale d’identité ou un laissez-passer CEDEAO. Il en va de même pour les ressortissants des pays membres du G5 Sahel, en particulier la Mauritanie et le Tchad, et les États membres du Conseil de l’Entente. 

Visa à l’arrivée : les ressortissants des pays membres de l’Union européenne et de la Libye. 

Exemption de visa : les citoyens de Tunisie (accord du 7 novembre 1967), d’Algérie pour le personnel diplomatique et du service des passeports (accord du 29 janvier 1996). Ces personnes doivent cependant envoyer une notification avant de voyager 


Législation nationale

Pour respecter les accords régionaux et internationaux  où il est signataire, le Niger a mis en place des mesures  institutionnelles et légales pour lutter contre la traite des êtres  humains. Au plan juridique, le Niger a adopté : 


  • L’ordonnance n˚ 2010-86 du 16 décembre 2010 relative  à la lutte contre la traite des personnes; le décret n˚  2014-488/PRN/MJ du 22 juillet 2014 qui adopte le Plan  d’action national de lutte contre la traite des êtres humains;  le décret n˚ 2015-182/PRN/MJ du 10 avril 2015 qui définit  la journée nationale de mobilisation contre la traite des êtres humains. 


  • Sur le plan institutionnel, le décret n˚ 2012-082/PRN/MJ du 21 mars 2012 établit la Commission  nationale de coordination de la lutte contre la traite des personnes (CNCLTP). L’Agence nationale  de lutte contre la traite des personnes (ANLTP) est mise en place par le décret n˚ 2012-083/ PRN/MJ du 21 mars 2012. 




EN CE QUI CONCERNE LE TRAFIC ILLICITE DE MIGRANTS. 


Le Niger a adopté la loi n˚2015-036 du 26 mai 2015 qui régularise l’immigration irrégulière et le trafic de migrants. Elle est une réponse aux difficultés que rencontrent les acteurs du système pénal. Elle permet également d’harmoniser les textes nationaux avec les instruments juridiques internationaux. L’article 31 de la loi n˚2015-036 du 26 mai 2015 charge la CNCLTP et l’ANLTP/TIM de la même autorité et des mêmes missions concernant le trafic illégal de migrants.


Modifications récentes et nouveaux décrets


  • Le décret 2018-429/PRN/MJ du 22 juin 2018 détermine les procédures pour la création  d’opération de financement et d’inspection des centres de réception et de protection des  victimes de la traite. 


  • Le décret 2018-148/PRN/MJ du 8 mars 2018 amende et complète le décret 2012-043/PRN/MJ  du 21 mars 2012 qui détermine l’organisation, la composition et les méthodes d’opération de  l’ANLTP/TIM. Ce décret crée un département des affaires juridiques et d’indemnisation (l’article 7  est nouveau). 


  • L’ordre n˚ 000034 du 12 mars 2019 crée les centres chargés de la réception et de la protection  des victimes de la traite des êtres humains. 


  • La juridiction du système judiciaire (qui a été mis en place par l’ordre n˚ 2011 du 27 juillet 2011  pour la lutte contre le terrorisme) a été renouvelée en 2016 et prend en compte le crime  organisé transnational (trafic de drogues, traite des êtres humains, trafic illicite de migrants, trafic  d’armes).


Nouvelles politiques existantes


  • Le décret 2018-429/PRN/MJ du 22 juin 2018 détermine les procédures pour la création  d’opération de financement et d’inspection des centres de réception et de protection des  victimes de la traite. 


  • Le décret 2018-148/PRN/MJ du 8 mars 2018 amende et complète le décret 2012-043/PRN/MJ  du 21 mars 2012 qui détermine l’organisation, la composition et les méthodes d’opération de  l’ANLTP/TIM. Ce décret crée un département des affaires juridiques et d’indemnisation (l’article 7  est nouveau). 


  • L’ordre n˚ 000034 du 12 mars 2019 crée les centres chargés de la réception et de la protection  des victimes de la traite des êtres humains. 


  • La juridiction du système judiciaire (qui a été mis en place par l’ordre n˚ 2011 du 27 juillet 2011  pour la lutte contre le terrorisme) a été renouvelée en 2016 et prend en compte le crime  organisé transnational (trafic de drogues, traite des êtres humains, trafic illicite de migrants, trafic  d’armes).


Mesures en place concernant l’assistance juridique aux victimes et  leur indemnisation


L’ASSISTANCE JURIDIQUE  


  • L’assistance juridique est fournie par l’ANAJJ (l’Agence Nationale pour l’Assistance Juridique et  Judiciaire) lorsqu’elle est requise par la victime. 


L’Agence Nationale pour l’Assistance Juridique et Judiciaire  (ANAJJ) a pour mission de rendre disponible l’assistance  juridique pour tous et au profit des personnes vulnérables.  L’assistance juridique consiste à la mise en place de divers  services qui ont pour objet de permettre une meilleure  compréhension de la loi, de la justice, de ses institutions, pour  éviter les conflits et faciliter la résolution des disputes. Les  services de l’assistance juridique sont gratuits et destinés à  tous sans distinction de nationalité, de genre, d’âge ou de toute  autre considération, même si elle est requise en dehors d’une  procédure juridique ou administrative. 


L’article 62 de l’ordonnance 2010-86 du 16 décembre 2010 « Conditions de séjour sur  le territoire national pour les victimes » stipule que « L’autorité en charge de la délivrance des  visas et des permis de résidence temporaires ou permanents, lorsqu’il y a lieu, délivre aux victimes  des infractions prévues à la présente ordonnance les documents requis pour qu’elles puissent  légalement rester sur le territoire du Niger, au moins le temps nécessaire aux enquêtes, poursuites et  jugement des infractions constatées. »


Les dispositions suivantes s’appliquent aux dépendants de la victime : 


  • En accord avec les dispositions sur l’immigration, les victimes et leurs dépendants peuvent faire la  demande pour un permis de séjour au Niger ; 

  • Dans tous les cas, après le début de l’investigation et des poursuites concernant les infractions  prévues à la présente ordonnance, aucune victime ne peut être renvoyée du Niger avant que la  décision finale ne soit prononcée dans le cadre de la procédure civile et publique ; 

  • Dans d’autres cas, les droits d’indemnisation de la victime sont réservés ; 

  • Il n’existe pas de conditions spécifiques d’accès, toutefois, pour les victimes de moins de 18  ans. L’assistance juridique est pourvue, comme le définit la loi n˚ 67-015 du 18 mars 1967 qui  concerne la protection des intérêts civils des mineurs devant la cour pénale.


L’INDEMNISATION DES VICTIMES 


Ordinance 2010-86, of December 16, 2010, provides in Article 36, paragraph 2. 


L’ordonnance n˚ 2010-86 du 16 décembre 2010 dans son article 36, paragraphe 2 stipule le suivant : 


  • « Une fois ordonnée, la réparation doit être réalisée dans un délai raisonnable. Les autorités  judiciaires peuvent ordonner en motivant leur décision que des biens confisqués ou leur valeur  correspondante soient affectés à la réparation et la protection des victimes de la traite. »  

  • Et dans le même article 36, le paragraphe 3 stipule que « le retour de la victime dans son pays  d’origine ne préjudicie pas à son droit à réparation ».

Plan d’action national sur la TEH et le TIM

L’ANLTP/TIM est chargée de la supervision de la mise en œuvre de deux plans d’action nationaux  suivants : 


  • Le Plan d’action national de lutte contre le trafic  illégal de migrants a été établi le 4 et le 5 mars 2020  pour une durée de 5 ans (2020-2024), mais n’a pas  encore été adopté par le Gouvernement guinéen. 


Six axes stratégiques ont été définis : 


  1. L’amélioration de la justice pénale 

  2. La protection et l’assistance aux migrants trafiqués 

  3. La prévention contre le phénomène de TIM 

  4. Le partenariat pour la lutte contre le TIM 

  5. La mobilisation des ressources 

  6. La supervision et l’évaluation 


  • Le Plan d’action national de lutte contre la traite des êtres humains (2014-2018) a été  adopté en 2014. Le Gouvernement nigérien travaille actuellement à l’élaboration d’un nouveau  Plan d’action national (2019-2023). Ce plan vise à améliorer le cadre juridique pour la prévention  de la traite des êtres humains à travers l’élaboration de lois adéquates et en mettant en place une  protection et une assistance effectives pour les victimes, dont les enfants.


Le plan comprend six axes stratégiques : 


  1. Améliorer le cadre juridique et institutionnel ; 

  2. Consolider le mécanisme de prévention de TEH ; 

  3. Promouvoir l’assistance aux victimes; 

  4. Intensifier la répression ; 

  5. Renforcer la coopération et les partenariats; 

  6. Superviser et évaluer. 


Le plan a pour objectif de : 


  • Certifier que le Gouvernement nigérien possède un cadre juridique et institutionnel propice à la  mise en œuvre d’actions de lutte contre la traite des êtres humains pour poursuivre et punir les  auteurs et protéger les victimes de manière effective ; 

  • Sensibiliser les populations et les différents acteurs sur la traite des êtres humains; 

  • Réduire les risques et les vulnérabilités à travers diverses actions; 

  • Assurer l’identification et la protection holistique des victimes de la traite en vérifiant que l’ensemble des acteurs qui travaillent sur le terrain utilisent les mêmes procédures; 

  • Intensifier les enquêtes relatives à la traite afin de la combattre de manière efficace et de l’aborder au niveau national, régional et international ; 

  • Vérifier l’efficacité et la pertinence des activités définies par le plan d’action national.


Autres plans d’action existants, en lien avec la traite des êtres  humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM) 



PLAN D’ACTION RELATIF À LA LUTTE CONTRE LES PIRES FORMES DE TRAVAIL DES  ENFANTS 


  • Le Gouvernement du Niger a travaillé à l’élaboration de l’ébauche d’un Plan d’action national de  lutte contre le travail des enfants en 2015. Ce plan vise à éliminer les pires formes de travail au  Niger d’ici 2025. Le plan a été validé lors d’une rencontre organisée par le ministère de l’Emploi  en janvier 2018. 

Agences d’appui et d’assistance aux victimes de la traite des êtres humains (TEH)

Autorité compétente et mécanismes utilisés pour l’identification et la  reconnaissance officielle des personnes victimes de TEH


Le procureur, en collaboration avec le directeur exécutif de l’ANLTP/TIM (et le magistrat instructeur si nécessaire), est chargé de reconnaître officiellement le statut de victime de la traite: une personne ne peut bénéficier d’une assistance que lorsque son statut est confirmé. Si la personne n’est pas une victime, la personne sera dirigé(e) vers un autre service compétent.


Services et agences d’assistance aux victimes/coordonnées


L’ANTLP/TIM a une cartographie actualisée des acteurs/services qui travaillent sur les questions  de TEH/TIM au Niger ainsi que leur localisation régionale selon leurs domaines d’intervention. 

Cadre institutionnel

Institutions chargées de l’identification des victimes de la traite des  êtres humains et de l’identification des trafiquants sur le terrain


L’identification est en général menée par divers acteurs  tels que : 


  • L’Agence nationale de lutte contre la traite des personnes  et le transport illégal de migrants (ANLTP/TIM). 

  • Les agences policières (police nationale et gendarmerie) 

  • Les travailleurs sociaux, les ONG et les organisations  internationales 

  • La société civile


Agence chargée de la gestion et du contrôle des frontières, de  l’entrée et de la sortie du territoire


La Direction de la surveillance du territoire (DST) est  l’institution chargée de la gestion des frontières nigériennes  et du contrôle des entrées et des sorties du territoire. Elle  est placée sous l’autorité de la direction générale de la police  nationale qui est elle-même supervisée par le ministère de  l’Intérieur (sécurité nationale). 


La DST est chargée de la gestion des frontières nationales, de la  gestion des mouvements des personnes (entrées, sorties, visas,  réfugiés, TEH, TIM, etc.). 


Elle comprend : 


  • La Direction de coordination des frontières qui est sous la  responsabilité de la Commission nationale des frontières. 


Pour plus d’information, voir le rapport OIM « la Cartographie et présentation de la gestion des frontières au Niger ». 


Institutions et organismes nationaux chargés de la question du trafic  illicite de migrants 

La Commission nationale de coordination de lutte  contre la traite des personnes (CNLTP) est chargée  de l’élaboration de nouvelles politiques nationales et de  programmes de lutte contre la traite des personnes et le  trafic illégal de migrants. 


L’Agence nationale de lutte contre la traite des  personnes et du transport illégal de migrants (ANLTP/TIM) est chargée de la mise en œuvre des  activités définies par la CNLTP.


La Division d’investigation spéciale (DIS) au sein de la DST et rattachée au ministère de l’Intérieur. La division est chargée de l’investigation des cas de TEH, de TIM, de fraude aux documents, et elle est assistée par une équipe commune d’investigation établie entre la France, le Niger et l’Espagne.


Comité de coordination / cellule de lutte / observatoire sur la traite  des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM) 

La Commission nationale de coordination de lutte contre la traite  des personnes (CNCLTP) est l’entité qui coordonne les efforts du  Gouvernement pour la lutte contre la traite. Elle est également  chargée d’élaborer les politiques nationales et les programmes de  lutte contre la traite des personnes et le trafic illégal de migrants.  Sa mission a deux axes : la sensibilisation, l’information, l’assistance aux victimes de la traite et du  trafic ; l’assistance et la formation des différents acteurs (les magistrats, les forces de sécurité et de  défense, la société civile). La CNCLTP identifie et collecte les données et les informations relatives à  la TEH et publie des rapports annuels. 


La CNCLTP est composée des représentants des institutions suivantes : 

  • Le ministère de la Justice 

  • Le ministère des Affaires sociales 

  • Le ministère de l’Intérieur 

  • Le ministère des Finances 

  • Le ministère de la Planification 

  • Le ministère des Affaires étrangères 

  • Le ministère des Mines 

  • Le ministère des Transports 

  • Le ministère du Commerce 

  • Le ministère du Travail 

  • Le ministère de l’Éducation nationale

  • Le ministère de la Communication 

  • Le ministère de la Défense nationale 

  • Les organisations de la société civile actives  dans la lutte contre la TEH 

  • Les organisations pour les droits de l’homme 

  • Les associations de femmes 

  • Les représentants de la Cour 

  • L’Ordre des avocats 

  • La Commission nationale pour les droits de  l’homme 

  • Les représentants des chefs traditionnels


Unités spécialisées sur les questions de la traite des êtres humains  (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)

En plus de l’ANLTP/TIM, le Niger a mis en place une  Division d’investigation spéciale (DIS) au sein de la DST et  rattachée au ministère de l’Intérieur. La division est chargée  de l’investigation des cas de TEH, de TIM, de fraude aux  documents, et elle est assistée par une équipe commune d’investigation établie entre la France, le Niger et l’Espagne.


Mécanismes existants

Hotline, assistance téléphonique et/ou existence d’un site internet  pour les cas de traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des  migrants (TIM)

TEH/TIM - Indisponible

Autres (protection des enfants  /assistance) - Indisponible


Mesures mises en place aux frontières concernant la détection des  cas de traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants  (TIM)

Il n’existe pas de mécanisme spécifique. Toutefois, le Gouvernement nigérien a adopté des mesures concernant la formation des gardes-frontières à l’identification des victimes de la TEH/TIM. En 2018, ces gardes ont contrôlé les migrants en situation irrégulière et identifié près de 41 victimes potentielles. 


Selon le rapport du J/TIP de 2019, le Niger a intensifié ses efforts dans le domaine de la lutte contre la TEH. Il a donc été placé dans la catégorie supérieure de ce domaine : le TIER 2. 


Les efforts concernent :


  • La multiplication des patrouilles de police pour repérer les trafiquants dans le désert ; 


  • La formation de plus de membres de la police, d’officiers judiciaires, des autorités locales et  des membres de la société civile sur la détection des indices indiquant le trafic/la traite et les  investigations sur les cas de trafic/de traite (en particulier, la reconnaissance des indicateurs  d’identification des victimes au cours de leur voyage). 


  • La coordination avec les chefs traditionnels concernant l’accueil des enfants sauvés du travail  forcé. 


  • Le partenariat entre les membres de l’ANLTP/TIM avec le clergé musulman concernant la  question de l’utilisation des enfants pour la mendicité forcée par les marabouts. 


  • La sensibilisation des administrateurs de l’État, des officiers de police, des chefs traditionnels et  régionaux, du secteur du transport à propos de la résolution de problèmes relatifs aux pratiques  d’esclavage et des risques de traite/trafic.


Mécanisme national de référence (MNR) et/ou Procédures  opérationnelles standardisées (SOP)


En décembre 2019, le Gouvernement du Niger a validé le mécanisme  national de référence concernant la traite des personnes. 


  • L’ANLTP/TIM est chargée de sa mise en œuvre en collaboration avec  ses partenaires. Pour 2020 et 2021, l’agence a planifié des formations  concernant la mise en application du MNR à l’attention des agents de  première ligne.


Agences judiciaires chargées d’enquêter sur les cas de TEH et de TIM


LA DIVISION D’INVESTIGATION SPÉCIALE (DIS)  


La DIS est une division de la DST. Elle compte 10 agents qui travaillent dans 4 départements : 


  • Le service d’enquêtes judiciaires 

  • Le service de renseignement et d’intervention 

  • Le service logistique 

  • Le service informatique et de documentation 


La DIS opère dans les districts d’Agadez, de Zinder et de Tahoua. 


La DIS est devenue opérationnelle en 2016 lorsque le projet  d’Équipe commune d’investigation (ECI) a été mis en place  (l’ECI comprend six experts : trois officiers de la police  française, trois officiers de la police espagnole, 14 officiers de  la police nigériane. Elle est dirigée par un commissaire nigérien  sous l’autorité de la DST). 


L’ECI est un projet de coopération policière commune pour  lutter contre le trafic illégal de migrants et la traite des êtres humains. Il est financé par le fonds  d’urgence de l’Union européenne (EU-FFU). La DIS est investie de pouvoirs légaux et est chargée de  l’application de la loi n˚ 2015-36 dans ses dispositions (1) de prévention et de lutte contre le trafic  illégal de migrants; (2) de protection des droits des migrants trafiqués et (3) de promotion et de  facilitation de la coopération nationale et internationale dans le but de prévenir et de combattre le  trafic illégal de migrants sous toutes ses formes.  


La DIS a aussi pour mission de mettre en œuvre l’ordonnance n˚ 2010-86 concernant la lutte contre la traite des êtres humains et qui interdit la traite sous toutes ses formes, y compris l’esclavage et les pratiques assimilées. Cette ordonnance prévoit des peines allant de 5 à 10 ans d’emprisonnement pour toute personne qui trafique des adultes et des peines de 10 à 30 ans pour celles qui trafiquent des enfants. 


En 2017, la DIS a contribué à l’arrestation et à la condamnation de 174 individus pour trafic de migrants, de 83 trafiquants de personnes et de 10 individus pour fraude de documents. Elle a également permis de saisir et de transférer à la justice 89 véhicules et 16 motos. Au 19 juin 2018,  la DIS avait démantelé 19 réseaux de trafic, 12 d’entre eux ayant des ramifications internationales.  Du 21 au 31 janvier 2020, les officiers de police ont sauvé 232 victimes de la TEH au cours de  l’opération Saraounia menée en collaboration avec INTERPOL.


Laboratoire de la police scientifique pour la vérification des  documents d’identité et des titres de voyage 

(L’objectif est de renforcer la vérification et l’établissement de l’identité tant des victimes que des  trafiquants)


La Division d’investigation spéciale (DIS) est également  chargée d’enquêter sur les documents frauduleux. 


La Police technique et scientifique (PTS) possède un laboratoire  scientifique équipé pour mener des enquêtes sur les documents frauduleux. Dans le cadre EUCAP-Sahel, la PTS a été équipée et formée de manière à consolider les capacités des forces de  police du Niger (police, gendarmerie, garde nationale) dans la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et les trafics liés aux migrations. 


Groupe technique de travail chargé d’étudier la traite des êtres  humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)

Il n’existe pas de groupe de technique de travail chargé d’étudier la TEH et le TIM. Il existe cependant d’autres comités de travail sur la protection infantile qui prennent en considération les enfants victimes de la TEH et du TIM. 


Le Comité directeur national chargé des questions sur  le travail des enfants. Le comité coordonne les programmes  et conseille sur la législation et les réglementations concernant  le travail des enfants; il étudie les propositions pour les plans  d’action à mettre en place dans le cadre du programme national  OIT-IPEC. Le comité est présidé par MELSS. 


Le Comité national de lutte contre le travail des enfants  dans l’agriculture. Ce comité coordonne les politiques et les programmes de lutte contre le travail  des enfants dans l’agriculture. Présidé par le ministère de l’Agriculture, le comité est composé de  représentants du MELSS et du ministère pour la Promotion des femmes et la Protection des enfants,  et des représentants des ONG. Un guide sur le travail des enfants dans l’agriculture a été publié.


Agence chargée de la collecte et du traitement des données  administratives sur la traite des êtres humains (TEH)


  • La collecte des données administratives à propos de la traite et du trafic est effectué par  l’ANLTP/TIM en collaboration avec le département statistique du ministère de la Justice. 


Le département statistique du ministère de la Justice collecte les données sur le trafic et la traite par  l’intermédiaire des formulaire standardisés utilisés par les différentes agences (cours pénales, police  des districts et police régionale, autorités locales, société civile et associations).


  • La DST est responsable de la collecte et du traitement des données biométriques des personnes voyageant par les points d'entrée de tous les postes frontaliers terrestres et aériens.


A travers le système PISCES, la DST collecte les données biométriques des voyageurs à l'aéroport. Dans le Plan de Développement de la Police Nationale du Niger, la DST vise à installer le Système d'Information et d'Analyse des Données Migratoires (MIDAS) à tous les postes frontaliers terrestres.



Coopération transfrontalière et internationale

Accords internationaux et accords bilatéraux de coopération relatifs à la lutte contre la traite et le trafic illicite transfrontalier.


AU NIVEAU INTERNATIONAL ET RÉGIONAL, LE NIGER A SIGNÉ LES ACCORDS SUIVANTS : 


 

  • La plateforme d’action commune de Libreville du 24 février 2000 concernant le développement  de stratégies de lutte contre la traite des enfants à des fins d’exploitation par le travail en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. La consultation de Libreville est le résultat d’un long processus  de collaboration et d’échanges continus avec l’UNICEF, l’OIT, le Gouvernement du Gabon, et qui  a facilité la participation de 21 pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. 


  • L’accord multilatéral de coopération régionale de lutte contre la traite des êtres humains  particulièrement les femmes et les enfants en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale qui a été  signé le 6 juillet 2006 à Abidjan. 



  • Le bureau régional de l’ONUDC pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest est établi au  Niger. Le pays est inclus dans le programme régional PROMIS. Ce dernier vise à renforcer les  capacités de la Brigade de lutte contre la traite des êtres humains et le trafic illégal de migrants  au Mali et les activités mises en place dans le programme Sahel ; à participer à l’élaboration de  systèmes de justice criminelle accessibles, efficaces et responsables dans la lutte contre le trafic  de drogues, le crime organisé, le terrorisme et la corruption qui existent dans la région. 


  • INTERPOL. Le Niger reçoit à travers ses officiers de police des informations de police globales  et essentielles d’INTERPOL partout dans le pays. Cette démarche fait partie d’un programme  continu d’expansion mis en place par les autorités nationales. La connectivité entre le BCN  INTERPOL à Niamey et les autres agences de sécurité a été soulignée comme bonne pratique :  elle permet un transfert des renseignements sans faille. L’opération Saraounia: a été entreprise  en le 21 et 23 janvier 2020. 232 victimes de la traite ont été sauvées, parmi lesquelles 46 avaient  moins de 18 ans et 115 hommes sans documents de voyage, ayant été confisqués par les  trafiquants.  


AU NIVEAU BILATÉRAL, LE NIGER A SIGNÉ LES ACCORDS SUIVANTS : 


  • Les accords d’extradition : le Niger a des accords avec le Mali, le Tchad, l’Algérie et le Nigéria. Les  accords de la CEDEAO de 1994 concernant l’extradition ont été ratifiés par le Niger le 8 décembre  2005 : la Convention d’Antananarivo, les accords d’Accra, les accords du G5 Sahel avec INTERPOL. 



  • La Convention d’extradition et d’assistance juridique mutuelle contre le terrorisme signée à Rabat  en 2008. 


  • L’accord de coopération judiciaire avec le Mali et le Tchad signé le 9 mai 2017 à Niamey. Les États  signataires s’engagent à travers cet accord de se livrer réciproquement les individus présents sur  leurs territoires qui sont poursuivis par la justice pour crime commun ou sujets à l’accomplissement  d’une sentence, ou pour des raisons de sécurité prononcées par les tribunaux de première instance  compétents.


Mécanisme transnational de référence (MTR)  

Il n’existe pas de mécanisme transnational de référence. Il existe cependant une coopération  bilatérale en cours de discussion avec le Nigéria qui est en phase initiale. 


Pour en savoir plus sur les MRT, voir le projet et l’outil TACT (Transnational Referral Mechanism  Model) de l’OIM.



Autres instruments utilisés pour la coopération internationale 


  • Le GLO.ACT Niger — (Action globale pour prévenir et combattre la traite des personnes et le  trafic illicite de migrants) est une initiative commune d’une durée de deux ans (de 2019 à 2021)  mise en place entre le ministère italien des Affaires étrangères, la coopération internationale  (MFA) et l’ONUDC. Une phase antérieure de ce projet (2015-2019) avait été soutenue par  l’Union européenne. 


Le programme édifie une communauté globale de pratiques mises en œuvre par GLO.ACT  2015-2019 et assiste le Gouvernement nigérien à mettre en œuvre des interventions ciblées et innovantes : l’élaboration de politiques et stratégies efficaces et durables, le renforcement de la réponse de la justice criminelle et de la coopération transrégionale et régionale. 


Le programme vise à accroître les compétences nationales tout en permettant l’appropriation  nationale et la durabilité des nouvelles pratiques. 


Les objectifs de ce programme sont les suivants : 


  1. Assister le pays bénéficiaire à développer et/ou renforcer les stratégies et politiques nationales de lutte contre la traite des êtres humains et le trafic illégal de migrants en créant un mécanisme de collecte des données pour enregistrer avec précision les mesures sur la TEH et le TIM (comme l’identification, les données concernant l’assistance et la réintégration, les enquêtes et les poursuites judiciaires). 

  2. Assister le pays concerné à renforcer la réponse de la justice criminelle vis-à-vis de la TEH et du TIM à travers la mise en place de Procédures opérationnelles standardisées (SOP) nationales pour traiter de la question d’identification dans les cas de TEH et de TIM. 

  3. Aider le pays bénéficiaire à renforcer la coopération régionale et transrégionale sur les cas criminels liés à la traite des êtres humains et du trafic illicite de migrants à travers la promotion des forums bilatéraux et trilatéraux Mali-Niger-Nigéria sur la TEH et le TIM aux niveaux opérationnel et stratégique. 


  • EUCAP Sahel Niger vise à assister à la mise en œuvre d’une approche intégrée, cohérente,  durable et basée sur les droits de l’homme entre les différents organes de sécurité nigériens  concernant la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.De ce fait, la mission est organisée  de manière à fournir conseils et formations pour assister les autorités nigériennes et renforcer  leurs compétences. Plus de 100 experts internationaux — dont la majorité appartient aux forces  de police européennes et à des départements de justice — sont déployés à Niamey de façon permanente.


Les objectifs de la mission sont : 


  1. Aider les forces de sécurité du Niger à acquérir une interopérabilité et à développer des  stratégies opérationnelles. 

  2. Renforcer l’expertise du secteur de sécurité nigérien de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. 

  3. Améliorer les politiques de ressources humaines, de formation, d’entraînement et de logistique  pour garantir les résultats des objectifs 1 et 2. 

  4. Soutenir l’élaboration d’une coordination régionale et internationale de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. 

  5. Soutenir la capacité des forces de sécurité à mieux contrôler les flux migratoires et à lutter contre la migration irrégulière et les activités criminelles qui en découlent de manière plus efficace. 


La mission est devenue le secrétariat pour la coordination internationale dans le secteur de la sécurité au Niger. De ce fait, EUCAP facilite la coordination de l’assistance internationale et des contributions avec les acteurs des forces de sécurité. Afin d’accroître les synergies, la mission met en  place des activités communes avec d’autres programmes de l’Union européenne et d’autres acteurs  internationaux présents au Niger.

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