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France
Profil national
Introduction
Information générale
La France est un pays de destination et de transit des victimes de la traite des êtres humains et les situations de traite revêtent des formes diverses. Les trafiquants exploitent majoritairement des victimes étrangères et un plus petit nombre de victimes françaises. Les victimes étrangères sont originaires d’Europe de l’Est, d’Afrique de l’Ouest et du Nord, d’Asie et des Caraïbes. Les femmes nigérianes constituent la majorité des victimes d’exploitation sexuelle. Les autorités ont déclaré que les trafiquants encourageaient ces dernières à demander l’asile pour obtenir légalement un permis de résidence, de cette manière il leur est plus facile de maintenir leurs victimes sous contrôle et de continuer à les exploiter. Les trafiquants utilisent les femmes et les enfants à des fins d’esclavage domestique. Dans certains cas, les membres des familles exploitent des parents amenés d’Afrique pour travailler à leur domicile. Les réseaux de trafiquants nigérians empruntent les routes du trafic de migrants et de drogue à travers la Libye et l’Italie pour transporter des femmes et des filles en France. Les trafiquants ciblent les travailleurs sans papiers déjà en France et exploitent l’afflux de mineurs non accompagnés qui sont entrés en France ces dernières années.
Données et tendances
En 2016 et 2017, 1 593 victimes ont été identifiées comme victimes de traite ou d’exploitation des êtres humains. Principalement des femmes, 8 % des victimes étaient spécifiquement victimes de traite (au sens de l’article 225-4- 1 du Code pénal), 64 % étaient victimes d’une infraction en lien avec l’exploitation à des fins sexuelles et 21 % victimes d’une infraction en lien avec l’exploitation par le travail ; 29 % étaient des mineurs et 59 % de nationalité étrangère. Par ailleurs, sur la même période, 2 446 personnes ont été poursuivies pour au moins une infraction en lien avec la traite ou l’exploitation des êtres humains ; 75 % étaient des hommes de nationalité étrangère. Le nombre de personnes condamnées en 2016 et en 2017 est plus faible et représente 1 525 personnes. Entre 2013 et 2017, les auteurs étaient principalement des hommes (72 %) et 61 % étaient de nationalité étrangère (36 % nigériane)4 . En 2019, 892 victimes ont été identifiées comme victimes d’exploitation, ce qui constitue une légère baisse comparée aux 950 victimes identifiées en 2018. Sur les 892 victimes d’exploitation, 175 ont été victimes de traite et 717 ont été victimes d’exploitation sexuelle ; dans certains cas, ces chiffres ne distinguent pas quand les victimes d’exploitation sexuelle sont des adultes ou des enfants.
Cadre législatif et politique
Conditions d’entrée sur le territoire
Les 15 États membres de la CEDEAO et les autres pays (Tchad, Libye et Mauritanie): ont besoin d’un visa valide et adéquat en fonction de l’objet de la visite et d’un document de voyage valide ayant une validité d’au moins trois mois de plus que la durée du séjour requis.
De manière générale, tous les ressortissants de pays tiers n’ayant pas encore conclu d’accords d’exemption de visa avec les États membres de Schengen doivent obtenir un visa avant leur arrivée en Europe/en France. Liste des pays dont les citoyens ont besoin/n’ont pas besoin de visas pour entrer en France, veuillez visiter Le site officiel des visas pour la France
Exemption de visa : tous les ressortissants de l’UE et les ressortissants suisses.
Législation nationale
Il est important de rappeler qu’en ce qui concerne ses engagements internationaux et régionaux, outre la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (ratifié en 2008), la France a ratifié la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée et le Protocole pour prévenir, réprimer et punir la traite des personnes (ratifié en 2006). La France est aussi partie à la Convention relative à l’entraide judiciaire en matière pénale entre les États membres de l’Union européenne. La France a adhéré à plusieurs conventions du Conseil de l’Europe dans le domaine pénal qui concernent la lutte contre la traite.
La France est, par ailleurs, liée par la directive 2011/36/UE du Parlement européen et du Conseil de l’Union européenne (le Conseil) du 5 avril 2011 concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes. La France est également liée par la directive 2004/80/CE relative à l’indemnisation des victimes de la criminalité, par la directive 2004/81/CE relative au titre de séjour délivré aux ressortissants de pays tiers qui sont victimes de la traite des êtres humains ou ont fait l’objet d’une aide à l’immigration clandestine et qui coopèrent avec les autorités compétentes, ainsi que par la décision-cadre 2001/220/JAI du Conseil du 15 mars 2001 relative au statut des victimes dans le cadre de procédures pénales.
Depuis 2013, la France s’est pleinement mobilisée pour lutter contre la traite des êtres humains à travers la mise en place d’une politique publique dédiée. Cette volonté s’est traduite par le renforcement de l’arsenal législatif, la création en 2013 d’une instance de coordination nationale, la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) et la mise en œuvre du premier Plan d’action national (2014- 2017), évalué par un rapporteur indépendant, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH).
La loi du 5 août 2013, portant sur diverses dispositions d’adaptation dans le domaine de la justice en application du droit de l’Union européenne et des engagements internationaux de la France, a modifié la définition de l’infraction de traite des êtres humains comme prévue à l’article 225-4-1 du Code pénal. Cette loi a également introduit l’esclavage, la servitude, le travail forcé et le prélèvement d’organes parmi les différents motifs d’exploitation.
La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes a modifié l’article L316-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) permettant ainsi qu’en cas de condamnation définitive du trafiquant, une carte de résident soit délivrée de plein droit à la victime étrangère qui a déposé plainte ou témoigné. Les victimes de traite sont exonérées des taxes et des droits de timbre lors de la délivrance et du renouvellement des titres de séjour.
La circulaire du ministère de la Justice du 22 janvier 2015 encourage les parquets à retenir davantage l’incrimination de « traite des êtres humains » en appréhendant l’ensemble de la chaine logistique criminelle.
Le ministre de l’Intérieur a publié une instruction le 19 mai 2015 qui définit les conditions d’admission au séjour des ressortissants étrangers victimes de la traite des êtres humains ou de proxénétisme et qui prévoit la désignation des référents-traite au sein des préfectures. Elle rappelle également aux préfets la possibilité de mettre en place, en liaison avec le procureur de la République, des coordinations locales pour faciliter la coopération avec la société civile, pour accompagner et protéger les victimes et favoriser la poursuite des auteurs.
La loi du 29 juillet 2015 relative à la réforme du droit d’asile rend obligatoire l’évaluation de la vulnérabilité de tout demandeur d’asile, évaluation qui vise expressément à mieux identifier les mineurs non accompagnés et les victimes de la traite des êtres humains.
La loi du 13 avril 2016 la loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, a supprimé le délit de racolage, conformément au principe de non-sanction, porté par les textes internationaux. Cette loi a modifié l’article L316-1 du CESEDA et prévoit que les personnes ayant déposé plainte contre une personne accusée de traite et/ou de proxénétisme ou témoignant dans une procédure pénale reçoivent de plein droit un titre de séjour temporaire. Elle renforce également la poursuite des réseaux de traite et de proxénétisme et élargit les compétences des inspecteurs du travail à la constatation de l’infraction de traite des êtres humains.
La loi du 3 juin 2016 « renforçant la lutte contre le crime organisé » permet aux victimes de traite des êtres humains et de proxénétisme de se voir attribuer une identité d’emprunt sur le fondement des dispositions de l’article 706-62-2 du Code de procédure pénale.
La loi du 27 mars 2017 sur « le devoir de vigilance des sociétés mères et les entreprises donneuses d’ordres » oblige désormais les sociétés par actions, employant en leur sein ou dans leurs filiales, au moins 5 000 salariés en France ou au moins 10 000 salariés dans le monde, d’établir un plan de vigilance, de le mettre en œuvre et de le publier. Il conduira les entreprises à devoir mieux maîtriser les risques de toute nature associés à leur chaîne de sous-traitance.
Politiques existantes
La formation des professionnels : La MIPROF a entrepris la réalisation d’outils pédagogiques et la mise en place de formations dans le but de former les professionnels en contact avec les victimes (ministères de la Justice et de l’Intérieur, professionnels de terrains et tissus associatifs). Un guide interministériel « De l’identification à la protection des victimes de TEH » à l’usage des professionnels sera publié en 2021.
Renforcement des droits : La loi du 17 août 2015 stipule que la victime peut être accompagnée et aidée à tous les stades de la procédure par une association d’aide aux victimes ou un service relevant d’une collectivité́ publique ainsi que de son représentant légal ou la personne majeure de leur choix.
La loi du 13 avril 2016 a prévu le renforcement du droit au séjour pour les victimes de TEH.
Concernant l’hébergement : Le dispositif national Ac.Sé fait partie des mesures de protection des victimes de la traite en France telles que citées dans le décret n˚ 2007-1352 du 13 septembre 2007. Il propose un hébergement et un accompagnement éloigné géographiquement du lieu de résidence de la personne victime de traite en danger ou en grande vulnérabilité. Une circulaire de 2017 a appelé à la mobilisation des centres d’hébergement à adhérer à ce dispositif et donc à élargir le nombre de places.
Protection inconditionnelle des mineurs : Dès 2013, dans le cadre de la mise en œuvre du plan, un groupe de travail a été constitué afin de réfléchir à un dispositif de protection des mineurs victimes de TEH, notamment ceux exploités sexuellement et à des fins de commettre des délits.
Poursuite des trafiquants/réseaux : La circulaire du ministère de la Justice du 22 janvier 2015 relative à la politique pénale en matière de traite des êtres humains invite les parquets à recourir de manière accrue aux différentes qualifications de traite des êtres humains, notamment en rappelant que cette incrimination permet le recours aux techniques d’enquête « interceptions, sonorisations, captations, enquêtes sous pseudonymes… etc.). La circulaire invite également à cumuler les qualifications de traite et d’exploitation comme le proxénétisme.
Prévention : Des actions ont été mises en œuvre afin de prévenir le phénomène, notamment par la sensibilisation du grand public et des élèves des collèges et lycées. Par ailleurs, l’infraction d’achat d’actes sexuels prévue dans la loi du 13 avril 2016 a pour effet de réduire la demande et donc de prévenir la traite à des fins d’exploitation sexuelle.
Mesures en place concernant l’aide juridique aux victimes et leur indemnisation
Les victimes bénéficient d’un accès à la justice qui se traduit notamment par :
L’accès à des informations sur les procédures judiciaires et administratives pertinentes dans une langue que les victimes peuvent comprendre selon l’article R316-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, et fait l’objet de l’article 7 de la loi du 17 août 2015 portant sur l’adaptation de la procédure pénale au droit de l’Union européenne.
L’accès à l’assistance d’un défenseur et à une assistance juridique gratuites durant l’enquête et la procédure judiciaire à titre gratuit au titre de l’aide juridictionnelle si les victimes souhaitent se constituer partie civile ou obtenir réparation de leur préjudice, sous réserve qu’elles remplissent les conditions de ressources.
Les victimes peuvent prétendre à des indemnisations.
L’indemnisation par l’État : les victimes de TEH bénéficient de l’accès à la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions (CIVI). À ce titre, les victimes de la traite des êtres humains ayant subi un préjudice peuvent obtenir réparation intégrale des dommages qui résultent des atteintes à la personne, devant la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions (CIVI), instituée auprès de chaque tribunal de grande instance, qui leur allouera une indemnité́ à ce titre, dans les conditions de l’article 706-3 du Code de procédure pénale. La loi du 5 août 2013 a supprimé́ les conditions relatives à la nationalité́ de la personne lésée ou à la régularité́ de sa situation administrative lorsque les faits ont été́ commis sur le territoire national. Pour saisir la CIVI, la victime peut s’adresser à une association d’aide aux victimes conventionnée avec le ministère de la Justice qui va l’informer sur ses droits et sur les démarches à effectuer pour saisir la CIVI ou demander l’assistance d’un avocat au titre de l’aide juridictionnelle si elle remplit les conditions pour en bénéficier.
Indemnisation pour salaires impayés : dans l’hypothèse où la victime de TEH aurait consenti à exercer une activité́ légale contre rémunération, dans des conditions permettant néanmoins de caractériser l’infraction, la requalification de sa situation en contrat de travail par la juridiction prud’homale peut être envisagée, et permettre une indemnisation des salaires (cf. loi n° 2014-790 du 10 juillet 2014, article L3245-2 du Code du travail).
Concernant l’indemnisation des victimes au moyen des biens des trafiquants , la loi n° 2010-768 du 9 juillet 2010 a modifié́ de manière profonde le droit des saisies et les confiscations en matière pénale, en facilitant le recours à cette procédure et en créant l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC). L’article 131-21 alinéa 6 du Code pénal prévoit désormais pour les infractions les plus graves, dont la traite des êtres humains, qu’il est possible de confisquer l’intégralité du patrimoine du condamné, sans considération de l’origine, licite ou illicite, des biens et selon l’article 131-21 alinéa 5 sans que ces biens soient liés à l’infraction.
Les victimes peuvent prétendre à un permis de séjour dans le cadre de l’article L316-1 du CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile).
Cet article porte spécifiquement sur l’admission au séjour des victimes de traite et prévoit également la délivrance d’un titre de séjour renouvelable et autorisant l’exercice d’une activité professionnelle à un ressortissant étranger qui a déposé plainte contre une personne qu’il accuse d’avoir commis à son encontre les infractions liées à la traite ou qui a ou va témoigner dans une procédure pénale pour cette infraction.
L’article R316-3 du CESEDA prévoit toujours que la durée de validité́ de ce type de titre est de six mois minimums, mais l’instruction du ministre de l’Intérieur du 19 mai 2015 sur les conditions d’admission au séjour des ressortissants étrangers victimes de la traite des êtres humains ou de proxénétisme spécifie que la durée de validité́ doit être d’un an. Les autorités françaises ont indiqué que la coopération de la victime avec les services enquêteurs doit permettre de confirmer la situation de traite dénoncée, d’identifier d’autres victimes potentielles et de contribuer à l’identification des membres du réseau d’exploitation. Le ressortissant étranger doit présenter le récépissé du dépôt de sa plainte ou les références de la procédure judiciaire engagée comportant son témoignage pour des infractions pénales de traite et proxénétisme. Les forces de l’ordre ou les services judiciaires qui ont enregistré la plainte ou le témoignage apportent les éléments indispensables aux services des préfectures afin d’établir que l’étranger a effectivement coopéré. Les détails de l’affaire ne sont pas dévoilés.
Les victimes sont dispensées de l’obligation de présenter un passeport attestant de leur entrée régulière sur le territoire et peuvent présenter une attestation consulaire revêtue d’une photographie lorsqu’elles n’ont pas de passeport. L’instruction du 19 mai 2015 précise que les personnes qui sollicitent la délivrance d’un titre de séjour sur le fondement de l’article L316-1 du CESEDA se voient délivrer, sous réserve que leur dossier soit complet, un récépissé valable quatre mois pendant l’instruction de leur demande par les services préfectoraux. Ce récépissé les autorise à séjourner en France et à exercer une activité professionnelle. d. Par ailleurs, une carte de résident valable dix ans est désormais délivrée de plein droit aux victimes remplissant les conditions définies par l’article L316-1 en cas de condamnation définitive du trafiquant
Les victimes peuvent bénéficier d’une aide au retour :
Les victimes de la traite bénéficiant d’un permis de séjour qui souhaitent retourner dans leur pays d’origine peuvent bénéficier du dispositif d’aide au retour financé par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
Les aides au retour de l’OFII s’adressent également aux étrangers qui séjournent en France en situation irrégulière.
Pour bénéficier d’une aide au retour volontaire, l’étranger doit avoir séjourné en France au moins 6 mois.
Pour l’ensemble des étrangers éligibles à une aide au retour, l’OFII prend en charge : l’organisation du retour, une aide dans l’obtention des documents de voyage, la prise en charge du billet de transport aérien pour le demandeur et sa famille qui l’accompagne ainsi que l’acheminement vers l’aéroport de départ en France. En fonction du pays de destination, un pécule et une aide à la réintégration peuvent être octroyés par l’OFII.
Plan d’action national sur la TEH et le TIM
Plan d’action sur la traite des êtres humains et le trafic illégal des migrants
Le second Plan d’action national de lutte contre la traite des êtres humains (2019 — 2021) a été présenté par le Gouvernement le 18 octobre 2019. Ce plan comprend 45 mesures qui s’articulent autour de 6 axes :
Informer et communiquer pour mieux prévenir le phénomène
Définir une stratégie d’identification des victimes
Protéger et accompagner les victimes de la traite
Intensifier la répression des auteurs
Coordonner l’action publique de la lutte contre la traite des êtres humains
Renforcer la coopération aux niveaux européen et international
Autres plans d’action existants, en lien avec TEH et TIM
Plusieurs mesures du second Plan d’action national contre la traite des êtres humains sont intégrées dans d’autres plans d’actions nationaux et s’inscrivent ainsi dans diverses politiques publiques.
Les mesures 25 et 26 du second plan d’action national, portant sur l’extension du dispositif expérimental de protection des mineurs victimes de traite des êtres humains mis en place à Paris aux territoires les plus impactés, et le soutien à la création d’un centre sécurisé et sécurisant pour les victimes mineures, figurent également dans le plan de lutte contre les violences faites aux enfants (novembre 2019), à la mesure 22 dédiée à la lutte contre les nouvelles formes de prostitution des mineurs. La création d’un centre sécurisé et sécurisant pour les victimes mineures est également portée par la Stratégie nationale de prévention de la délinquance 2020-2024 dans sa mesure 13.2.
La mesure 17 du second plan d’action prévoyant la création de postes de médiateurs « prévention/ jeunesse » dans les équipes d’intervention sociale dans les bidonvilles s’inscrit dans la Stratégie nationale de prévention de la délinquance 2020-2024 (mesure 13.1), ainsi que dans celle de prévention et de lutte contre la pauvreté 2018 (mise en place d’un dispositif de maraudes mixtes visant à sortir les enfants de la rue par un accompagnement des familles, et à mettre fin aux situations attentatoires aux droits de l’enfant).
Concernant la lutte contre la traite à des fins d’exploitation par le travail, la mesure 5 du second plan d’action qui prévoit la signature d’une convention de partenariat entre la MIPROF, la Direction générale du travail (DGT), les organisations interprofessionnelles d’employeurs et les organisations syndicales de salariés, ainsi que la mesure 18 concernant la désignation de référents dans les Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE), figurent également dans le Plan national de lutte contre le travail illégal 2019- 2021 (PNLTI) piloté par le ministère du Travail.
Enfin, la mesure 24 « Spécialiser les structures de places d’hébergement dans le dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile » s’inscrit dans la Stratégie nationale pour l’accueil et l’intégration des réfugiés, présentée lors du Comité interministériel à l’intégration du 5 juin 2018 et pilotée par le Délégué interministériel à l’accueil et à l’intégration des réfugiés (DIHAL).
Agences d’appui et d’assistance aux victimes de la traite des êtres humains (TEH)
Autorité compétente et mécanismes utilisés pour l’identification et la reconnaissance officielle des personnes victimes de TEH
Selon l’instruction du ministre de l’Intérieur du 19 mai 2015 relative aux conditions d’admission au séjour des ressortissants étrangers victimes de la traite des êtres humains ou de proxénétisme, l’identification formelle des victimes potentielles relève exclusivement des services de police et unités de gendarmerie lorsqu’elles estiment qu’il existe des motifs raisonnables de penser qu’un étranger est victime de traite. Elles doivent alors diligenter une enquête pour déterminer si la personne est bien victime de traite.
SERVICES ET AGENCES D’ASSISTANCE AUX VICTIMES ET CONTACT
Les victimes de traite qui s’inscrivent dans la démarche de régularisation du séjour dans le cadre de leur coopération aux poursuites engagées contre les trafiquants peuvent bénéficier de l’ouverture des droits à une protection sociale et d’un accompagnement social fourni par des associations spécialisées et destiné à accéder aux droits et à retrouver une autonomie (articles R316-6 à R316-8 du CESEDA).
Le dispositif national Ac.Sé est destiné aux professionnels, c’est un réseau de 70 partenaires qui propose un hébergement et un accompagnement éloigné géographiquement du lieu de résidence de la personne victime de traite en danger ou en grande vulnérabilité ; et agit comme pôle ressource pour les professionnels en contact avec des personnes victimes.
Le Dispositif national Ac.Sé fait partie intégrante des mesures de protection des victimes de la traite en France, comme cité dans le décret n° 2007-1352 du 13 septembre 2007 relatif à « l’admission au séjour, à la protection, à l’accueil et à l’hébergement des étrangers victimes de la traite des êtres humains ». Le second plan d’action national de lutte contre la traite 2019-2021 cite le dispositif national Ac.Sé comme étant l’outil de protection des victimes de la traite en France. Voir la brochure d’Ac. Sé/voir le bilan des activités 2019.
Autres contacts de ONG et institutions peuvent être trouvées sur : CARE+Leaflet
Cadre institutionnel
Institutions chargées de l’identification des victimes de la traite des êtres humains et de l’identification des trafiquants sur le terrain
L’identification des victimes est effectuée par les différents acteurs sur le terrain : associations, institutions, société civile et parfois les victimes elles-mêmes.
L’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) est notamment en charge de mener et de coordonner les opérations tendant à la répression de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.
L’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) inclut le Groupe central des mineurs victimes (GCMV) qui est responsable de la lutte contre les abus sexuels commis au préjudice des mineurs principalement sous l’angle des infractions liées à la pédopornographie et au tourisme sexuel.
L’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI) est, au sein du ministère de l’Intérieur, le levier d’une approche interministérielle globale et efficiente de la lutte contre les formes graves d’exploitation au travail, dont les formes d’exploitation au travail et la traite des êtres humains.
La mission « mineurs non accompagnés » coordonne le dispositif national de mise à l’abri, d’évaluation et d’orientation des mineurs non accompagnés.
Agence chargée de la gestion et du contrôle des frontières, de l’entrée et de la sortie du territoire
La Direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) comprend entre autres une sous-direction de l’immigration irrégulière et des services territoriaux qui luttent contre toutes les formes organisées d’immigration illégale. La DCPAF étend son action sur l’ensemble du territoire national et d’outre-mer grâce à une organisation qui repose sur sept directions zonales. Dans le domaine de la lutte contre toutes les formes d’immigration irrégulière organisée (filières, ateliers de travail illégal, emploi d’étrangers sans titres, officines de fabrication de faux document, etc.), le dispositif opérationnel de la DCPAF est dirigé par l’OCRIEST ainsi que ses 44 brigades mobiles de recherche (BMR), et ses 8 antennes de BMR, unités d’investigation à compétence judiciaire zonale.
Institutions et organismes nationaux chargés de la question du trafic illicite de migrants
L’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (OCRIEST) a pour mission la lutte contre les réseaux (ou « filières ») favorisant l’immigration irrégulière, l’emploi d’étrangers dépourvus d’autorisation de travail et/ou de séjour ainsi que la fraude documentaire qui en découle. Il est placé sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration.
L’article 2 du décret interministériel instituant l’OCRIEST (modifié le 28 décembre 2016 n°2016- 1957) dispose que son domaine de compétence est constitué des « infractions relatives à l’aide à l’entrée, à la circulation et au séjour irrégulier des étrangers en France, à l’emploi des étrangers dépourvus d’autorisation de travail, aux faux et usage de faux documents destinés à favoriser les infractions susmentionnées ainsi qu’aux trafics de documents d’identité et de voyage ».
À cette fin, l’OCRIEST est chargé de :
Animer la lutte contre les filières d’immigration irrégulière opérant sur le territoire national
Animer la lutte contre les réseaux structurés d’emploi d’étrangers sans autorisations de travail et/ ou de séjour
Animer la lutte contre les réseaux de fraude documentaire favorisant l’immigration irrégulière et le travail illégal
Coordonner au niveau national l’action répressive de tous les acteurs participant au démantèlement des filières d’immigration irrégulière, d’emploi d’étrangers sans titre ou de fraude documentaire facilitant ces infractions
Coordonner l’action internationale dans les domaines de compétence susmentionnés
Analyser la pression migratoire irrégulière
Comité de coordination/cellule de lutte/observatoire sur la TEH et le TIM
La mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF)
La création de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) a été décidée lors du Comité interministériel aux droits des femmes le 30 novembre 2012. Elle a fait l’objet d’un décret présenté au Conseil des ministres le 3 janvier 2013, amendé par le décret du 11 août 2016.
La MIPROF est placée sous l’autorité du ou de la ministre en charge des droits des femmes et trois principales fonctions lui ont été confiées :
La définition d’un plan national de formation de professionnels sur les violences faites aux femmes et la création d’outils de formation déclinés en fonction des spécificités des différentes professions et des différentes formes de violence.
Un rôle d’observatoire national sur les violences faites aux femmes à travers la mission de « rassembler, analyser et diffuser les informations et données relatives aux violences faites aux femmes ».
La coordination nationale de la lutte contre la traite des êtres humains. Pour plus d’informations : voir le rapport d’activités de la MIPROF (2013-2017) (français )
Unités spécialisées sur la TEH et le TIM
Le ministère de l’Intérieur comprend cinq offices centraux de police judiciaire spécialisés qui peuvent être amenés à être saisis d’affaires de traite des êtres humains en fonction du type d’exploitation de la victime. Le rôle de ces offices centraux est essentiellement de coordonner l’action d’investigation et de répression sur l’ensemble du territoire dans leurs domaines de compétence respectifs. Ces offices centraux sont les suivants :
Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH)
Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (OCRIEST)
Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI)
Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI)
Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP)
Mécanismes existants
Hotline, assistance téléphonique et/ou existence d’un site internet pour les cas de traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
TEH/TIM (Dispositif Ac.Sé)* - 0 825 009 907 (de France) /+33 492 15 10 51 (de l’étranger)
Autres (protection des enfants /assistance) - 119
*Attention: le dispositif Ac.Sé n’est pas un service d’urgence. C’est une ligne téléphonique mise à disposition des professionnels (et non pas des victimes elles-mêmes)
Autres numéros d’urgence : 3919 [Violence Femme info]
Mesures mises en place aux frontières concernant la détection des cas de traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
Un module de formation concernant la détection de victimes de traite a été préparé par la Direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) à partir d’outils pédagogiques développés par l’agence FRONTEX.
S’agissant des contrôles aux frontières, les décisions liées à la situation administrative d’une personne se présentant à l’entrée du territoire (notamment la non-admission, le recueil d’une demande d’asile et des mesures de protection d’un mineur) en cas de doute sur l’identité de la personne (examen de seconde ligne) reviennent à des officiers de police judiciaire. Lorsqu’au cours d’un examen de seconde ligne, un cas de traite est suspecté, le service spécialisé dans la lutte contre les filières d’immigration et de traite (brigades mobiles de recherche ou BMR) doit être immédiatement contacté et se déplacer pour auditionner la victime et commencer une enquête. Les personnes non admises sont le plus souvent transférées en zone d’attente où unerelation s’établit avec les personnels de la Croix-Rouge présents en zone d’attente ainsi que les agents de la PAF en charge du suivi du dossier. À cette occasion, des indices de traite peuvent être détectés.
S’agissant de la délivrance des visas, le demandeur doit fournir aux services consulaires des documents indiquant l’objet du voyage et les agents consulaires peuvent procéder à des entretiens pour s’assurer de leur bonne foi et de leur intégrité. En cas de doute, ils ont aussi la possibilité de vérifier certaines informations relatives aux personnes qui les prennent en charge et les accueillent en France. Ils disposent aussi de bases de données dans lesquelles sont indiquées les personnes faisant l’objet d’un signalement négatif, notamment celles figurant dans la Système d’information Schengen (SIS) ou dans le fichier des personnes recherchées. Les autorités indiquent que, dans leur travail de détection des personnes victimes ou impliquées dans la traite des êtres humains, les services des visas des ambassades et consulats sont particulièrement attentifs à la fraude documentaire (authenticité des documents de voyages, actes d’état civil et justificatifs de situation socioprofessionnelle). Par ailleurs, une attention particulière serait accordée aux demandes de visa pour les enfants (vérification des autorisations parentales de sortie, limitation de la durée de validité des visas, comparution personnelle), ainsi que pour les visas en vue de l’exercice en France de certaines professions (danseuses ou mannequins, par exemple).
L’Unité de coordination de la lutte contre le trafic et l’exploitation des migrants (UCOLTEM) est chargée de rassembler et de partager le renseignement opérationnel dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée favorisant l’immigration clandestine sous toutes ses formes (filières, travail illégal, activités délictueuses, exploitation humaine).
Selon les autorités, la lutte contre les filières constitue l’une des priorités de la Direction centrale de la police aux frontières qui dispose de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (OCRIEST) et de 49 brigades mobiles de recherches réparties sur l’ensemble du territoire. Une brigade mobile d’intervention (BMI) est déployée sur la principale plateforme aéroportuaire que constitue l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Elle est composée de 17 personnes spécialisées en matière de détection de faux documents, de provenances à risque et de flux migratoires irréguliers. La Direction de la coopération internationale du ministère de l’Intérieur est, par ailleurs, en mesure d’informer la Direction de la police aux frontières en temps réel de l’arrivée imminente de passagers au profil migratoire à risque et de la présence de passeurs potentiels. La BMI coopère également avec les services de sûreté des compagnies aériennes et d’«Aéroports de Paris».
Mécanisme national de référence (MNR) et/ou Procédures opérationnelles standardisées (SOP)
La France ne possède pas de MNR. Cependant, le décret no 2007-1352 du 13 septembre 2007 prévoit que les forces de l’ordre orientent les personnes identifiées comme victimes de traite vers les associations spécialisées. L’orientation repose soit sur les systèmes de coopération éventuellement mis en place au niveau local, mais encore rare, soit sur des liens tissés entre les associations spécialisées et certains membres des services enquêteurs.
La MIPROF a initié en 2020 un groupe de travail pluridisciplinaire pour réfléchir à la mise en place d’un mécanisme national d’identification et d’orientation des victimes de TEH (MNIO). La CNCDH a publié en avril 2020 un avis sur la création de ce mécanisme national d’orientation.
Agences judiciaires chargées d’enquêter sur les cas de TEH et de TIM
Le rôle des cinq offices centraux est essentiellement de coordonner l’action d’investigation et de répression sur l’ensemble du territoire dans leurs domaines de compétence respectifs. Cette coordination s’effectue notamment par le biais de co-saisines avec les services de police ou les unités de gendarmerie compétente. Les offices centraux sont aussi régulièrement amenés à coopérer au-delà des frontières avec des services d’enquête étrangers. Ils se réunissent une fois par an à des fins de coordination entre eux. Ces offices centraux sont les suivants:
L’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) : cet office, rattaché à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) de la Direction générale de la Police nationale (DGPN), constate et réprime les infractions de traite aux fins de l’exploitation sexuelle et de proxénétisme. Il centralise tous les renseignements pouvant faciliter la recherche de réseaux de traite aux fins de prostitution, et coordonne toutes les opérations répressives en la matière sur l’ensemble du territoire.
L’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titres (OCRIEST) : cet office, rattaché à la direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) de la direction générale de la police nationale (DGPN), est compétent en matière de lutte contre les filières d’immigration irrégulière, les réseaux structurés d’emploi d’étrangers sans autorisation de travail et/ou de séjour, les réseaux de fraude documentaire favorisant l’immigration irrégulière et le travail illégal. Il coordonne l’action internationale en la matière et analyse la pression migratoire irrégulière. Selon les autorités, il est compétent en matière de traite, en ce que les migrants irréguliers peuvent se révéler être victimes de la traite.
L’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI) : cet office, rattaché à la sous-direction de la police judiciaire (SDPJ) de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), est compétent pour la lutte contre les infractions relatives au travail illégal sous toutes ses formes et coordonne les investigations à l’échelon national et opérationnel dans ce domaine. Il est compétent en matière de traite aux fins d’exploitation par le travail.
L’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) : cet office, rattaché à la SDPJ de la DGGN, est compétent pour la lutte contre la délinquance et la criminalité commises en équipes organisées et itinérantes en plusieurs points du territoire. Il est donc compétent dans les affaires de traite dont les réseaux sont itinérants.
L’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) : cet office, rattaché à la SDPJ de la DGGN, est compétent en matière de lutte contre les infractions liées à l’environnement et à la santé publique. Il est compétent en matière de lutte contre la traite aux fins de prélèvement d’organes.
Laboratoire de la police scientifique pour la vérification des documents d’identité et des titres de voyage
(en vue d’assistance à la vérification d’identité des victimes ou trafiquants)
En France, il existe trois structures publiques chargées de missions de police scientifique : ces trois structures dépendent du ministère de l’Intérieur.
Le Service central de la police technique et scientifique (SCPTS). Qui possède un pôle central d’identité judiciaire : il gère les deux applications nationales informatisées d’identification, effectue des prestations sur réquisition d’officiers de police judiciaire ou de magistrats du parquet. Il conseille et assiste les services territoriaux de la Police nationale intervenant dans sa sphère de compétence.
L’Institut national de police scientifique (INPS). Tous les laboratoires de l’INPS sont pluridisciplinaires. Ainsi, sur un même scellé, plusieurs recherches ou analyses peuvent elles être effectuées, en assurant le minimum de risques de contamination et un gain de temps pour le traitement du dossier.
L’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Créé en 1987, le département Documents (DCT) couvre l’ensemble des domaines d’expertise liés à l’analyse de documents. C’est une unité opérationnelle qui travaille au profit des magistrats et des unités requérantes (offices centraux, unités de recherches, brigades et commissariats). Le département Documents conçoit la formation « Fraude documentaire ». Il forme aussi des spécialistes de la gendarmerie nationale (les enquêteurs à la fraude documentaire et les formateurs aux contrôles de titres sécurisés) qui constituent un puissant réseau implanté sur l’ensemble du territoire national.
L’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titres (OCRIEST) possède aussi une brigade mobile d’intervention (BMI) qui est déployée sur la principale plateforme aéroportuaire que constitue l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Elle est composée de 17 personnes spécialisées en matière de détection de faux documents, de provenances à risque et de flux migratoires irréguliers.
Groupe technique de travail chargé d’étudier la traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
La MIPROF a mis en place plusieurs groupes de travail, ces groupes sont créés dans le cadre du Plan d’action national.
Un groupe de travail a par ailleurs été mis en place pour élaborer une convention expérimentale pour les enfants victimes de traite et la protection fondée sur l’éloignement géographique et la prise en charge par des éducateurs spécialisés. Dans le cadre de cette convention, un groupe de travail ad hoc composé d’acteurs institutionnels (préfecture de police de Paris, parquet des mineurs du tribunal de grande instance de Paris, OFPRA, ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du Développement international, Aide sociale à l’enfance, Direction de la protection judiciaire de la jeunesse) et de la société civile (ordre des avocats de Paris, Hors la rue, et le Bus des Femmes) a été créé pour étudier plus spécifiquement la question du statut juridique des mineurs victimes. Le 8 février 2021, une dépêche du ministère de la Justice a été diffusée dans tous les ressorts des cours d’appel et des tribunaux judiciaires en vue d’étendre le dispositif expérimental parisien pour la prise en charge et la protection des mineurs victimes de traite des êtres humains.
L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) et la MIPROF ont développé une source originale d’information à partir de la connaissance des associations de victimes et ONG spécialisées dans l’accompagnement des victimes de TEH. Depuis quatre ans, une enquête sur les victimes de traite des êtres humains suivies par les associations en France est réalisée conjointement par ces deux organismes, en partenariat avec les associations membres du collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains ». Cette enquête rend compte de certains phénomènes observés ces dernières années, et est pérennisé dans le cadre de la mise en œuvre du second Plan d’action national contre la TEH. Les résultats ont été présentés lors de conférences internationales (Forum international sur les statistiques de l’immigration en Égypte). La MIPROF et l’ONDRP ont présenté la quatrième édition de « L’enquête sur les victimes de traite suivies par les associations en France en 2019 » en novembre 2020.
La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a un groupe de travail qui est une structure ad hoc composée de membres experts. À cette occasion, les membres de la CNCDH issus de la société civile (ONG, syndicats) peuvent se déployer dans les groupes de travail, au-delà de leurs représentants nommés afin que les meilleurs experts du sujet participent au groupe de travail. La CNCDH a constitué des groupes de travail permanents afin de remplir les mandats de rapporteur national indépendant suivants :
Traite et exploitation des êtres humains
Racisme, xénophobie et antisémitisme
Responsabilité sociale des entreprises
Lutte contre la haine anti-LGBTI
Agence chargée de la collecte et du traitement des données administratives sur la traite des êtres humains (TEH)
Dès le début de l’année 2015, les services statistiques du ministère de la Justice et du ministère de l’Intérieur ont entrepris un travail commun pour un rapprochement des données sur des champs thématiques prioritaires, parmi lesquels figure la traite des êtres humains. Afin de mettre en place un outil statistique (mesure 20 du Plan d’action national) un groupe de travail copiloté par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), un organe public indépendant, et la MIPROF, qui réunit les ministères de la Justice et de l’Intérieur ainsi que les associations du collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains », a établi une série d’indicateurs statistiques permettant de quantifier les victimes de traite à divers stades de la procédure d’une affaire (identification, poursuite, condamnation). Le travail initié dans le cadre du premier plan d’action portant sur le recueil, l’harmonisation et la diffusion des statistiques administratives relatives à l’activité des forces de sécurité, de la justice, des préfectures et de l’inspection du travail est poursuivi dans le cadre du second plan d’action. La dernière publication par l’ONDRP sur les données administratives sur la traite et l’exploitation des êtres humains en France (Grand angle n° 52, octobre 2019) est disponible sur leur site web.
La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Depuis 2014, la CNCDH est le rapporteur national indépendant sur la traite et l’exploitation des êtres humains. En avril 2010, la CNCDH s’est vu confier un second mandat dans le cadre du Plan d’action national contre la traite des êtres humains.
La CNCDH a publié son premier rapport en 2016 : le rapport, et les essentiels.
En 2017, la CNCDH a dressé un état des lieux en demi-teinte de la mise en œuvre du PNA. Ainsi, bien qu’un certain nombre de dispositions aient été adoptées, cette mise en œuvre n’est-elle pas à la hauteur des objectifs. La CNCDH déplore notamment que les pouvoirs publics aient focalisé leurs efforts sur lutte contre la traite à des fins d’exploitation sexuelle, que les efforts ne soient pas suffisants pour améliorer l’identification, la protection et la prise en charge des victimes. Consultez l’évaluation.
En avril 2020, la CNCDH a formulé 24 recommandations pour mettre en place un mécanisme national de référence, dispositif indispensable pour une politique de prévention de la traite et de l’exploitation des êtres humains. Lire l’avis, avril 2020 et consulter l’évaluation de la CNCDH, novembre 2019.
Coopération transfrontalière et internationale
Accords internationaux et accords bilatéraux de coopération relatifs à la lutte contre la traite et le trafic illicite transfrontalier.
Au niveau international et régional, en plus des accords passés avec l’ONU et l’UE, l’Espagne a signé les accords suivants :
La loi 149/99 du 31 août 1999 relative à la coopération judiciaire internationale en matière pénale régit les principales formes de coopération, notamment dans les domaines de l’extradition et de l’entraide judiciaire et dispose que le principe de réciprocité doit être la base de toute la coopération. La France est partie aux conventions du Conseil de l’Europe sur l’extradition et l’entraide judiciaire et a signé plusieurs accords bilatéraux ou régionaux prévoyant une coopération internationale en matière pénale. English/Français
Autres accords d’extradition : La France a signé des accords bilatéraux de coopération liés aux extraditions avec 50 pays, mais avec aucun des 11 pays participants d’Afrique de l’Ouest.
INTERPOL-EUROPOL : Parallèlement à la mise en place d’offices centraux, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) s’est dotée d’une Division des relations internationales (DRI) dont l’une des missions fondamentales est de coordonner la coopération policière opérationnelle, jusque-là éclatée entre différentes entités. Le BCN France a été créé en 1928, suivi du bureau Sirène France en 1995 et de l’Unité nationale EUROPOL (UNE) en 1996 (expressément mentionnées par l’art. D8-2 du CPP). La DRI s’articule autour :
De la Section de coopération opérationnelle de police (SCCOPOL) en charge de l’échange d’informations 24/24 7/7, ayant à sa tête un commissaire de police et un officier supérieur de la Gendarmerie nationale ;
Du Service responsable des actions de coopération européenne et internationale (SCACEI) chargé plus particulièrement du cadre institutionnel lié au fonctionnement des trois canaux que sont INTERPOL, EUROPOL et Schengen ;
D’une section de gestion administrative, comprenant notamment une cellule informatique ; et un pool de traduction vient compléter le dispositif.
Au niveau bilatéral, la France est signataire des accords suivants
Une soixantaine d’accords bilatéraux signés par la France dans le champ du séjour et du travail sont actuellement en vigueur. Ces accords prévoient des règles spécifiques qui diffèrent selon les accords. Seuls les accords qui ont été ratifiés par les deux pays sont applicables et créateurs de droits pour les ressortissants des pays concernés.
Présentation générale des accords bilatéraux : La France a conclu des accords avec les pays d’émigration afin de mener dans le cadre d’un partenariat une gestion cohérente des flux migratoires adaptée aux besoins de deux pays signataires et au profil migratoire du pays partenaire (Bénin, Burkina Faso, Sénégal, Cap Vert).
Les accords bilatéraux relatifs à la mobilité professionnelle : Certains accords bilatéraux prévoient des modalités particulières pour favoriser la mobilité professionnelle des ressortissants étrangers (Bénin, Burkina Faso, Sénégal, Cap Vert).
Les accords bilatéraux en matière de circulation, de séjour et d’emploi : Trois accords conclus avec l’Algérie, la Tunisie et le Maroc prévoient des stipulations particulières concernant la circulation, le séjour et le travail de leurs ressortissants. Des États d’Afrique Sub-saharienne ont également signé ce type d’accord avec la France. Les accords bilatéraux avec certains États d’Afrique subsaharienne.
AUTRES ACTIONS DE COOPÉRATION INTERNATIONALE
Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du Développement international participe à de nombreuses actions, par le biais des contributions volontaires à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). La contribution du ministère au Fonds d’affectation spéciale de l’ONU pour les victimes de traite a quadruplé depuis la création du fonds soit 100 000 euros pour 2016. En 2015, il a contribué à hauteur de 150 000 euros au programme global contre la traite d’êtres humains de l’ONUDC.
Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du Développement international a lancé entre 2013 et 2017 le Fonds de solidarité prioritaire (FSP) “Appui à la lutte contre la traite des êtres humains dans les États du Golfe de Guinée” visant le Bénin, le Cameroun, le Ghana, le Nigéria et le Togo. Le fonds était doté de 800 000 euros ; l’un des buts était de renforcer la coopération régionale, notamment entre magistrats. Par ailleurs, ce projet visait aussi à développer les capacités des organisations de la société civile chargées de l’assistance aux victimes de traite. Une experte technique française a été basée à Lomé (Togo) dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs du fonds. À titre d’exemple, une aide a été fournie aux autorités du Togo pour l’adoption d’une législation anti-traite qui comprenait la formation des magistrats, des services d’enquête. Expertise France met actuellement en place un projet de continuation dans cette même région.
Les services enquêteurs et le ministère public ont tissé des liens de coopération avec ceux d’autres pays, notamment par le biais des Équipes communes d’enquêtes (ECE) dans des affaires de traite transnationales. Des ECE ont été mises en place notamment avec la Belgique, la Bulgarie, l’Espagne, la Roumanie, la Hongrie, l’Allemagne, la Suisse et la Bosnie-Herzégovine. L’OCRTEH a également fait état d’échanges opérationnels et stratégiques avec le Nigéria et la Chine.
La Direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPPJ) du ministère de la Justice est partenaire d’un projet porté par le Conseil européen pour les réfugiés et exilés (ECRE) intitulé « Analysis of Reception, Protection and Integration Policies for Unaccompanied Minors in the UE » (2013-2020). L’objectif du projet est de contribuer à l’amélioration des normes d’accueil des enfants non accompagnés, notamment en s’assurant que les conditions d’accueil, au sens large, répondent à leurs besoins.
La Direction de la coopération internationale de sécurité (DCIS anciennement DCI) à travers son réseau de 73 Services de sécurité intérieure (SSI) répartis dans 158 pays sur les cinq continents participe à la lutte contre l’immigration irrégulière, notamment dans le cadre de sa coopération institutionnelle, opérationnelle et technique. La DCIS s’appuie notamment sur un réseau de 25 officiers de liaison immigration répartis en Europe, en Asie et en Afrique et de 18 conseillers sûreté immigration en Afrique. Par un travail permanent avec ses partenaires locaux, elle renforce la coordination entre les différents acteurs, procède à la transmission d’informations, apporte, le cas échéant, une assistance aux enquêtes internationales et lutte contre la fraude documentaire et l’embarquement indu de passagers irréguliers vers l’Espace Schengen. Dans le cadre des partenariats opérationnels conjoints (notamment avec l’Espagne) et des équipes conjointes d’investigation dans les pays sources, elle contribue à la lutte contre les réseaux criminels liés à la migration irrégulière.
Mécanisme transnational de référence (MTR)
Il n’existe pas de mécanisme transnational de référence.
Pour en savoir plus sur les MRT, voir le projet et l’outil TACT (Transnational Referral Mechanism Model) de l’OIM.
Autres instruments utilisés pour la coopération internationale
Le dispositif national Ac.Sé vient de publier : #ATtrACT+ Carnet de route une publication sur l’identification et la protection des victimes de traite des êtres humains en France, à Chypre, en Espagne et en Italie, avec le soutien financier du programme européen Erasmus+ de l’Union européenne disponible en anglais, en italien et en espagnol. Voir aussi autres publications de Ac.Sé.