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Espagne

Profil national

Introduction

Information générale

L’Espagne est essentiellement un pays de destination pour les  victimes originaires d’Europe de l’Est (principalement de la  Roumanie), d’Afrique (principalement du Nigeria), d’Asie (surtout  de Chine) et d’Amérique du Sud (principalement Paraguay). Elle  est également un pays de transit vers d’autres pays européens  tels que la France et le Royaume-Uni. Les ressortissants africains  arrivent généralement par voies terrestres et par bateaux  (dinghies). Les Nigérians traversent les pays du Sahel comme  le Niger, le Burkina Faso et le Maghreb — principalement par  le Maroc. Les victimes qui arrivent en Espagne sont en général  regroupées par les trafiquants et transférées sur les lieux où elles  seront exploitées : des clubs avec des chambres, des maisons  privées. Ces lieux sont éparpillés sur tout le territoire espagnol.  Au vu du contexte actuel, les victimes qui ont été arrêtées  pour prostitution sur le territoire sont de trois nationalités  principales : nigériane, chinoise et roumaine. En ce qui concerne  les autres domaines d’exploitation d’êtres humains — le travail,  la mendicité, le mariage forcé et le crime — l’information  fournie démontre que les réseaux de traite se sont tournés  vers la région de l’ouest de la Méditerranée afin de suivre des  voies moins contrôlées. Cela signifie que le nombre de victimes  de la traite en Espagne peut être en sérieuse augmentation.  Les réseaux criminels nigérians recrutent leurs victimes dans  les centres d’accueil en Italie et les forcent à la prostitution  en Espagne. Les mineurs non accompagnés sont des cibles  extrêmement vulnérables pour le trafic sexuel et la mendicité  forcée. Le nombre croissant de réfugiés nouvellement arrivés et  des demandeurs d’asile font de ces derniers les victimes toutes  désignées pour la traite des êtres humains.


Données et tendances 

En 2019, les autorités ont identifié 467 victimes (250 étaient  victimes de traite aux fins d’exploitation sexuelle, 173 aux  fins d’exploitation par le travail, 24 à des fins criminelles et 20  pour mendicité forcée). En 2018, les victimes étaient au nombre de 225 (130 étaient victimes de  trafic sexuel, 80 au travail forcé, 3 à des fins criminelles et 12 pour mendicité forcée). En 2019, le  Gouvernement a identifié 4 victimes mineures et une seule victime espagnole. Les ONG déclarent  avoir porté assistance à 638 victimes et à 4842 potentielles victimes en 2019. La même année, les  tribunaux ont condamné 44 trafiquants (37 pour trafic sexuel, 4 pour travail forcé et 3 pour activité  criminelle forcée). Sur ses 44 trafiquants condamnés, 20 sont nigérians, 19 sont roumains, 3 sont  bosniaques, 1 est colombien et 1 est espagnol. Ils étaient 61 trafiquants condamnés en 2018 (46  pour trafic sexuel, 15 pour mendicité forcée). 


Entre 2017 et 2020, l’OIM a porté assistance à 58 victimes de la traite des êtres humains qui ont souhaité retourner dans leur pays d’origine volontairement. Ils étaient 212 en 2018. Le chiffre de ces  volontaires est en constante diminution depuis 2014 (889). 


TIM : en ce qui concerne les migrants en situation irrégulière arrivés dans le pays, les autorités  espagnoles relèvent un total de 32 449 en 2019 et 41 861 personnes en 2020, soit une  augmentation de 29 %. 


Pour plus de données sur la TEH et la migration irrégulière

Cadre législatif et politique

Conditions d’entrée sur le territoire


  • Les ressortissants des 15 États membres de la CEDEAO et les autres pays (Tchad,  Libye et Mauritanie) : Les conditions d’entrée varient selon les pays : 

  • Exemption de visa (pour un séjour de 30 à 90 jours) : Cap Vert, Sénégal 

  • Visa à l’arrivée (pour un séjour de 7 à 30 jours) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,  Guinée-Bissau, Guinée, Mauritanie, Sierra Leone, Togo 

  • Visa nécessaire : Tchad, Gambie, Ghana, Liberia, Libye, Mali, Niger, Nigéria 

  • Veuillez vérifier les conditions d’entrée à Schengen Visa Info- Spain pour les autres pays ;  

  • Exemption de visa : tous les ressortissants de l’UE et les ressortissants suisses. 

  • Pour les nationaux britanniques/résidents : veuillez lire How to Apply for a Spain Visa in the  UK


Législation nationale


Il est important de rappeler qu’en ce qui concerne  ses engagements internationaux et régionaux, outre la  Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la  traite des êtres humains, l’Espagne a ratifié la Convention  des Nations Unies sur la criminalité transnationale  organisée et ses protocoles pour prévenir, réprimer et punir la  traite des personnes et spécialement les femmes et les enfants  (toutes deux ratifiées en 2002). L’Espagne est aussi partie de  la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant  et de ses protocoles facultatifs concernant la vente d’enfants, la  prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène  des enfants (ratifiés respectivement en 1992, 2009 et 2013), de la Convention sur l’élimination de  toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et de ses protocoles facultatifs (ratifiée en  1985 et 2002), ainsi que des conventions élaborées sous l’autorité de l’Organisation internationale  du Travail (OIT). L’Espagne est également membre des conventions du Conseil de l’Europe qui  concernent la lutte contre la traite telle que la Convention pour la protection des enfants contre  l’exploitation sexuelle et l’abus sexuel et les conventions de coopération en matière criminelle .


  • L’Espagne est, par ailleurs, liée par la directive 2011/36/UE du Parlement européen et du  Conseil de l’Union européenne du 5 avril 2011 concernant la prévention de la traite des  êtres humains, la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes. L’Espagne  est également liée par la directive 2004/80/CE relative à l’indemnisation des victimes de la  criminalité, par la directive 2004/81/CE relative au titre de séjour délivré aux ressortissants  de pays tiers qui sont victimes de la traite des êtres humains ou ont fait l’objet d’une aide à l’immigration clandestine et qui coopèrent avec les autorités compétentes, ainsi que par la  décision-cadre 2001/220/JAI du Conseil du 15 mars 2001 relative au statut des victimes dans  le cadre de procédures pénales.


AU NIVEAU NATIONAL : LÉGISLATION LA PLUS PERTINENTE ET LA PLUS RÉCENTE 


  • Le crime de TEH est introduit dans le Code pénal espagnol par la loi organique 5/2010 à  travers le nouveau chapitre titre VII bis sur « la Traite des êtres humains ». L’article 177bis du  Code pénal qui criminalise la TEH est entré en application en décembre 2010 et les premiers  jugements rendus sur la base de ce crime ont été rendus fin 2012. 


D’autres lois nationales en lien avec la lutte contre la TEH comprennent : 


  • La loi organique 4/2000 sur les droits et les libertés des étrangers en Espagne et leur  intégration sociale (dénommée loi des étrangers), qui a été amendée en 2009 avec  l’introduction de l’article 59 qui établit la collaboration contre les réseaux organisés et l’article  59bis sur les victimes de la traite des êtres humains. 


  • Le décret royal 557/2011 qui établit de nouvelles régulations sur la mise en place de la loi des  étrangers. Les articles 140 à 146 de la régulation concernent l’identification des victimes de la  traite des êtres humains, leur rétablissement, la période de réflexion (au moins 90 jours), la nonpunition, les permis de séjour temporaire et de travail, l’assistance au retour volontaire et assisté  des victimes de la traite et les dispositions spéciales pour les enfants victimes de trafic. 


  • La loi organique 1/1996 La loi (espagnol : anglais) sur la protection juridique des mineurs qui  établit le droit des enfants (définis comme personnes de moins de 18 ans) et qui s’applique pour  tous les enfants vivant sur le territoire espagnol. La loi établit la protection des enfants, et qui  inclut également la tutelle et l’établissement d’une assistance spécialisée. 


  • L’instruction 6/2016 du secrétaire d’État à la Sécurité « sur les actions des forces de sécurité et  des instances de lutte contre la TEH en collaboration avec les organisations et les entités qui ont  une expérience accréditée d’assistance aux victimes »


Politiques existantes 


Il n’existe pas de nouvelles politiques, mais certains projets et certaines politiques ont été mises à  jour : 


  • En 2017, la Stratégie nationale de sécurité établit que le crime organisé représente l’une des  plus grandes menaces actuelles. Dans ce cadre, il est spécifiquement fait mention de la traite des  êtres humains, des différentes formes illégales de trafic ou le blanchiment d’argent du fait du la  gravité de ces crimes. 


  • En 2017, la Police nationale et la Garde civile ont adopté leurs plans stratégiques pour les  prochaines années. Ces plans établissent la lutte contre le crime organisé — qui inclut la traite  des êtres humains — comme une priorité pour les deux entités. 


  • En 2019, la Stratégie nationale contre le crime organisé et les crimes graves (2019- 2023) a été approuvée. La stratégie définit la lutte contre la traite des êtres humains comme  l’une de ses priorités. Afin de trouver une solution à ce phénomène, plusieurs lignes d’action ont  été établies, parmi lesquelles le Plan national d’action contre la traite et l’exploitation  des êtres humains peut être souligné. Son ébauche est coordonnée par le secrétariat d’État à  la sécurité, et comprend une structure divisée en deux parties : la première concerne le cadre  légal du phénomène de la traite des êtres humains et la vision actualisée de la situation dans le  pays; la seconde expose les objectifs et les critères sur lesquels il a été créé et les séries d’actions  nécessaires pour mettre en place une approche intégrée avec toutes les garanties nécessaires. 


  • Le plan est organisé autour de cinq priorités pour garantir une action efficace contre la traite des  êtres humains :


  1. Détection et prévention de la traite des êtres humains 

  2. Protection, assistance et rétablissement des victimes 

  3. Poursuites judiciaires du crime 

  4. Coopération et coordination 

  5. Développement des connaissances du phénomène. 


Pour plus de détails, accédez au rapport du GRETA.


Mesures en place concernant l’aide juridique aux victimes et leur  indemnisation 


L’ASSISTANCE JURIDIQUE  


En Espagne, les victimes de la traite des êtres humains au cours de la procédure d’identification sont  informées qu’elles ont droit à une assistance juridique gratuite, mais pas à une indemnisation des  trafiquants ou de l’État.


Selon le protocole-cadre (art 59), après l’entretien d’identification, l’officier de police informe  la victime de traite de ses droits à une assistance juridique gratuite, si elle n’a pas les moyens  financiers suffisants, et la possibilité de contacter une organisation qui aide les victimes de la traite  à recevoir l’assistance nécessaire. 


La loi 1/1996 sur l’assistance juridique gratuite La loi s’applique aux ressortissants  espagnols, européens et de pays tiers lorsqu’ils n’ont pas les ressources nécessaires lorsque la  procédure commence. Les ressortissants des pays tiers ont droit à une assistance juridique, à  une représentation juridique et à une défense lorsqu’une procédure est entamée concernant  l’éventuel refus de leur entrée en Espagne, leur expulsion ou leur retour en Espagne et pour  toutes les questions concernant les demandes d’asile. Les victimes de la traite ne sont pas incluses  dans les dispositions actuellement appliquées. Toutefois, le ministère de la Justice a indiqué  qu’un adulte ou un mineur victime de la traite ou victime de violences domestiques est éligible à  recevoir une assistance juridique gratuite selon les révisions apportées à la loi qui élargissent le  champ de catégories de bénéficiaires. 


La période de réflexion et de rétablissement (au moins 90 jours selon l’article 59 bis  de la loi organique des étrangers) vise à donner la possibilité à la victime de la traite des êtres  humains de réfléchir si elle souhaite collaborer ou non avec les autorités judiciaires. Lorsque la  période de réflexion arrive à sa fin, l’administration compétente évaluera la situation personnelle  de la victime afin d’étudier la possibilité de prolonger la période en question. Cette disposition  de la législation espagnole ne concerne que les victimes étrangères en situation irrégulière, elle ne  concerne pas les autres victimes. 


La législation espagnole autorise la délivrance d’un permis de séjour pour les victimes de  la traite des êtres humains sur la base de la situation personnelle de la victime et de sa  coopération avec les autorités. Le paragraphe 4 de l’article 59 bis de la loi des étrangers  autorise la délivrance d’un permis de séjour aux victimes de la traite des êtres humains qui sont  en situation irrégulière à condition qu’elles soient exemptées de leur responsabilité administrative  pour situation irrégulière. Si le délégué gouvernemental autorise la délivrance d’un permis de  séjour, la victime reçoit automatiquement un permis de résidence temporaire le temps que  la demande soit traitée. Ce permis temporaire permet à la victime de traite de résider et de  travailler dans n’importe quel domaine et n’importe où en Espagne, et est valable jusqu’à ce que  la décision concernant la demande originale soit rendue. Dans le mois qui suit la délivrance du  permis de résidence temporaire, la victime doit faire la demande d’une carte d’identité pour les  étrangers auprès de l’Office des étrangers ou auprès du poste de police compétent. 


Mesures spéciales pour les mineurs. Concernant les victimes mineures, les permis de résidence  ne dépendent pas de leur coopération avec les autorités. Si, après neuf mois que le mineur ait  été placé sous l’autorité compétente d’aide à l’enfance il n’a pas été possible de réunir le mineur avec sa famille ou qu’il retourne dans son pays d’origine, l’autorisation de résider en Espagne  lui est accordée. Cependant, il est à noter qu’il n’existe pas de disposition légale spécifique qui  donne l’asile à un mineur victime de la traite des êtres humains. Les autorités responsables du  traitement des demandes d’asile doivent informer le ministère public lorsqu’elles traitent du  dossier d’un demandeur d’asile de moins de 18 ans qui se trouve dans une situation vulnérable  sous la responsabilité d’une autorité compétente d’aide à l’enfance.



L'INDEMNISATION DES VICTIMES


Il n’existe pas de mesures d’indemnisation des victimes et les autorités espagnoles reconnaissent  qu’un effort doit être fait pour que les droits d’indemnisation de la victime soient garantis. Les  systèmes d’indemnisation suivants s’appliquent pour le moment. 


En Espagne, toutes les victimes de crime (qu’elles soient majeures ou mineures, espagnoles ou  étrangères) ont le droit de participer à la procédure pénale et de demander une indemnisation.  L’ensemble des dommages subis, qu’ils soient physiques ou moraux, peuvent être indemnisés une  fois qu’ils ont été prouvés. La responsabilité civile des auteurs du crime peut être réclamée sur  la base des articles 116 à 122 du Code pénal devant une cour civile ou pénale. Si la victime  de traite refuse de participer à la procédure pénale contre les auteurs du crime, le ministère  public peut demander des indemnités pour les dommages infligés à la victime à moins que celle-ci  les refuse. L’article 108 de la loi de procédure pénale stipule que le ministère public peut  présenter une action civile et une action pénale que la victime soit partie prenante ou non dans  la procédure pénale. Cela dit, afin que les auteurs du crime paient les indemnités aux victimes de  trafic, l’argent et les biens de ces derniers doivent avoir été saisis à l’avance. 


La loi 35/1995 concernant l’assistance aux victimes de crimes violents et de crimes  contre la liberté sexuelle établit un système d’indemnisation de l’État pour les victimes  directes ou indirectes de crimes violents commis en Espagne et ayant entraînés la mort, des  blessures physiques graves ou des dommages psychologiques et/ou physiques. La loi inclut  également les victimes de crimes contre la liberté sexuelle même s’il n’y a pas eu de violences.  L’article 2 (1) de cette loi autorise le paiement unique d’indemnisation aux citoyens espagnols,  aux résidents étrangers originaires de pays membres de l’UE ou de pays tiers lorsque le crime a  été commis sur le territoire national. Les nationaux originaires de pays tiers qui ne remplissent  pas les conditions ne peuvent recevoir l’indemnisation de l’État espagnol. En vertu de l’article 4  (2), les blessures physiques ou les dommages psychologiques doivent être suffisamment graves  pour donner lieu à l’indemnisation de l’État. Cela signifie qu’une déclaration doit être faite  établissant un certain niveau de handicap ou une situation de handicap temporaire de plus de  six mois. L’indemnisation de l’État ne peut pas être obtenue si, dans son jugement, le tribunal a  demandé une indemnisation aux auteurs des actes.

Plan d’action national sur la TEH et le TIM

Plan d’action sur la traite des êtres humains et le trafic illégal des  migrants 


  • Au terme du premier Plan national d’action de  lutte contre la traite des êtres humains aux fins  d’exploitation sexuelle en 2012, l’Espagne a mis en  place le second Plan national d’action de lutte  contre la TEH des femmes et des filles aux fins  d’exploitation sexuelle (2015-2019). Ce plan est  un instrument intégral et multidisciplinaire spécifique à  la lutte contre la traite aux fins d’exploitation sexuelle,  qui désigne les autorités responsables de cette  question au sein de divers départements ministériels et qui définit la feuille de route de  la mise en place des actions de lutte contre la traite des femmes et des filles aux fins d’exploitation sexuelle (et seulement pour la traite aux fins d’exploitation sexuelle).


— Le plan se base sur l’analyse de la situation sur la base des données concernant la traite des  femmes et des filles trafiquées aux fins d’exploitation sexuelle en Espagne et qui vont au-delà des  données purement judiciaires issues de l’enquête et de la procédure pénale relative au crime. 


— Le plan traite de la question dans une perspective multidisciplinaire et prend en compte à la  fois la prévention et la procédure pénale du crime ainsi que la protection et l’assistance à donner  aux victimes sur la base d’une responsabilité partagée entre les différents acteurs concernés par la  question.


La stratégie se base sur sept piliers : une approche axée sur les droits de l’homme — une  approche axée sur les genres — le meilleur intérêt de l’enfant comme préoccupation centrale —  l’amélioration des connaissances sur l’état du trafic aux fins d’exploitation sexuelle — les victimes  sont au centre de tout le processus — la poursuite pénale du crime — une approche globale,  coopération et participation. 


La stratégie comprend 143 mesures organisées en 10 objectifs structurés autour de 5 priorités.  Ces priorités se basent sur celles inscrites dans la stratégie de l’Union européenne de lutte contre la  traite des êtres humains. 

— Priorité 1 : détection et renforcement de la prévention de la traite 

— Priorité 2 : identification, protection et assistance aux victimes de la traite des êtres humains 

— Priorité 3 : analyse et meilleure compréhension afin de lutter efficacement contre la traite aux fins  d’exploitation sexuelle 

— Priorité 4 : poursuite pénale plus active des trafiquants 

— Priorité 5 : coordination et coopération entre les institutions, participation de la société civile 


Copie du plan national complet (anglais / espagnol / français)


  • Comme énoncé plutôt, depuis 2019, le Plan stratégique national de lutte contre la  traite et l’exploitation des êtres humains est en cours de développement. Son ébauche  est coordonnée par le secrétariat d’État à la sécurité et comprend la participation de tous les  acteurs.


Ce plan présentera une structure divisée en deux parties : 


  • La première concerne le cadre légal du phénomène de la traite des êtres humains et la  représentation actualisée de la situation de ce phénomène dans le pays. 

  • La seconde présente les objectifs et les critères sur la base desquels le plan a été élaboré  et les séries d’actions nécessaires à l’acquisition d’une approche intégrée offrant toutes les  garanties. 


Le plan est organisé autour de cinq priorités pour une action effective de la lutte contre la traite des  êtres humains : 


  • Détection et prévention de la traite des êtres humains 

  • Protection, assistance et rétablissement des victimes 

  • Procédure pénale contre le crime 

  • Coopération et coordination 

  • Meilleure connaissance de ce phénomène 


Lien des sites internet du plan global : version anglaise


Autres plans d’action existants, en lien avec TEH et TIM 


Le troisième Plan national d’action de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants  et des adolescents (2010-2013) comprend un chapitre sur la traite des êtres humains aux  fins d’exploitation sexuelle et renvoie au Plan national d’action de lutte contre la TEH aux fins  d’exploitation sexuelle qui prévoit des actions spécifiques concernant les enfants victimes de la  traite. L’une des mesures opérationnelles envisagées dans le cadre du plan d’action est de fournir  une assistance spécifique pour les enfants victimes de la traite aux fins d’exploitation sexuelle qui  implique une coordination établie entre les différents ministères et autorités des communautés  autonomes. Le monitoring et l’évaluation du troisième plan national d’action sont menés par le  Groupe de travail sur la maltraitance des enfants de l’Observatoire sur les enfants qui publie des  rapports annuels (anglais, espagnol).  


Il est nécessaire de faire également référence au premier Plan national des droits de l’homme  (2009-2011) qui a été adopté en 2008. L’un des objectifs de ce plan concernait la lutte contre  la TEH et prenait en compte la coopération internationale. Le plan sur les droits de l’homme  adresse la TEH dans le contexte des politiques migratoires et la lutte contre le trafic illégal de  migrants. Le plan appelé également à l’adoption d’un plan d’action de lutte contre la TEH en  particulier lorsqu’elle concerne les femmes et les enfants et l’introduction du crime de TEH  dans le Code pénal. L’évaluation de ce premier plan sur les droits de l’homme a été publiée en  novembre 2012. Un second plan national sur les droits de l’homme était prévu en 2013. 


En ce qui concerne les violences domestiques et/ou à caractère sexiste, l’Espagne a développé les  outils suivants.  


  • La loi organique 1/2004 du 28 décembre 2004 sur les mesures de protection contre les  violences à caractère sexiste.  


Agences d’appui et d’assistance aux victimes de la traite des êtres humains (TEH)

Autorité compétente et mécanismes utilisés pour l’identification et la  reconnaissance officielle des personnes victimes de TEH


  • Les autorités policières (la Police nationale et la Garde civile) sont les autorités compétentes  en ce qui concerne l’identification des victimes de TEH. L’accès de la victime aux services/à  l’assistance ne dépend pas de la reconnaissance officielle du statut de victime de TEH. Les  victimes de TEH peuvent être aidées par les programmes d’assistance directe.


SERVICES ET AGENCES D’ASSISTANCE AUX VICTIMES/COORDONNEES


L’accès de la victime aux services/à l’assistance ne dépend pas de la reconnaissance officielle du  statut de victime de TEH. Les victimes de TEH peuvent être aidées par les programmes d’assistance  directe. 


Il existe un guide sur le système d’action et de coordination dans les cas de violence domestique en  Espagne accessible sur le site Delegación del Gobierno contra la Violencia de Género. 


Un autre site de ressources est également accessible au Web de recursos de apoyo y prevención  ante casos de violencia de género (WRAP).

Cadre institutionnel

Institutions chargées de l’identification des victimes de la traite des  êtres humains et de l’identification des trafiquants sur le terrain


Seule la police (Police nationale et Garde civile) a la compétence  d’identifier les victimes de TEH. 


  • La Police nationale (Cuerpo Nacional de Policía) est la  principale force de police présente dans les municipalités de  plus de 20 000 habitants et a compétence sur les questions  d’asile et d’immigration. La Police nationale a des unités  locales, centrales et provinciales.  


  • La Garde civile (Guardia Civil) est responsable du  contrôle des côtes espagnoles, des frontières, des ports  et des aéroports et de ce fait, du contrôle de la migration  irrégulière. 


La Police nationale et la Garde civile ont des unités judiciaires  qui assistent les juges, les tribunaux et les procureurs dans les enquêtes criminelles. Les brigades  de la police judiciaire provinciale de la Police nationale sont constituées de groupes spécialisés dans  les affaires concernant les mineurs (GRUMEs). Ces unités sont en charge de protéger les victimes  mineures qui ont subi des violences psychologiques et physiques. Depuis 1995, la Garde civile a mis  en place des équipes spécialisées pour les affaires concernant les femmes et les mineurs (ENUMEs).


Ces équipes qui sont en charge de protéger et d’assister les personnes vulnérables comme les  femmes, les personnes âgées et/ou handicapées, ainsi que d’enquêter sur les crimes dont elles sont  les victimes. Les groupes ENUMEs font partie des unités de police judiciaire en charge des enquêtes  sur les crimes de TEH. La Police nationale et la Garde civile sont entraînées à l’identification des  victimes de la traite et enquêtent sur les crimes en lien avec la TEH.


Agence chargée de la gestion et du contrôle des frontières, de  l’entrée et de la sortie du territoire


Les deux organismes policiers sont placés sous l’autorité du ministère de l’Intérieur et ont des  responsabilités et des rôles partagés :  


  • La Police nationale : contrôle des frontières, immigration, refuge et asile, extradition et  expulsion.

 

  • Garde civile : contrôle des frontières.


Institutions et organismes nationaux chargés de la question du trafic  illicite de migrants


Comme mentionné ci-dessus, la Garde civile est responsable du contrôle des côtes espagnoles, des  frontières, des ports et des aéroports et de ce fait, du contrôle de l’immigration irrégulière. La Police  nationale a mis en place des unités de lutte contre les réseaux d’immigration et les faux documents  (UCRIFs). Ces unités sont responsables d’enquêter sur les activités criminelles en lien avec la TEH, le  trafic de personnes et l’immigration irrégulière.



Comité de coordination/cellule de lutte/observatoire sur la TEH et le  TIM


Il n’existe pas de comité de coordination en soi en Espagne. Il existe cependant deux agences  principales qui jouent le rôle de coordinatrices et des forums qui contribuent aux questions relatives  à la TEH. 


  • La délégation gouvernementale contre les violences  domestiques, qui existe au sein du secrétariat d’État aux  Services sociaux (ministère de la Santé, des Services sociaux  et de l’Égalité) est en charge de promouvoir la coordination  au niveau du Gouvernement central en ce qui concerne les  questions relatives à la traite aux fins d’exploitation sexuelle.  Cela comprend aussi la mise en place du Plan d’action  de lutte contre la TEH aux fins d’exploitation sexuelle.  La délégation gouvernementale contre les violences  domestiques est aussi responsable de la promotion de la  coopération entre les institutions et les administrations  publiques qui sont en charge de l’assistance et de la protection des victimes de la traite. 


  • En juillet 2009, le Forum social de lutte contre la traite des êtres humains aux fins  d’exploitation sexuelle a été organisé dans le but d’accroître la coopération et les échanges  d’informations entre les autorités compétentes et la société civile. Ce forum social a été mis en  place dans le cadre du Plan national d’action de lutte à la TEH aux fins d’exploitation sexuelle  et a été coordonné par la délégation gouvernementale contre les violences domestiques. Ce  forum se compose d’ONG spécialisées dans l’assistance aux victimes, de représentants de deux  communautés autonomes (Navarre et Galice) et de la Fédération espagnole des municipalités  et des provinces. Un groupe de travail sur les enfants a également été créé au sein du forum.  Le règlement et l’agenda des rencontres du forum social sont disponibles sur leur site web (en  espagnol )


  • À travers la résolution du 3 avril 2014 du secrétaire d’État à  la Sécurité, le directeur du bureau particulier du secrétaire  d’État à la Sécurité a été nommé rapporteur national sur  la traite des êtres humains. Cette nomination s’est faite  en lien avec la désignation du Centre de renseignements  contre le terrorisme et le crime organisé (CITCO)  comme centre de liaison sur les questions de la TEH le  27 mai 2014 et qui assistera le rapporteur national dans  sa tâche. Le bureau du rapporteur national se compose  de trois personnes, dont le référent officiel à CITCO. Le  travail du bureau du rapporteur national inclut la supervision, le monitoring et le contrôle des  activités de lutte contre la traite de toutes les institutions gouvernementales; l’évaluation des  tendances de la TEH ; l’évaluation des résultats des actions qui ont été menées; la collecte et  l’analyse de l’information ; l’identification et l’échange sur les bonnes pratiques; le développement  d’indicateurs communs qui facilitent la comparaison et la cohérence de l’information. Le bureau  du rapporteur national se concentre sur la création de synergies et de canaux de coordination  parmi les acteurs, sur l’établissement de mécanismes de collaboration et sur la valorisation du  rôle des ONG. Tous les trois mois, le bureau convie à une rencontre les acteurs institutionnels  concernés par la question de la TEH ainsi que les acteurs de la société civile et les organisations  internationales.


Unités spécialisées sur la TEH et le TIM 


La Police nationale et la Garde civile ont toutes deux des unités  de police judiciaire qui assistent les juges, les tribunaux et les  procureurs dans les enquêtes criminelles. Ces départements/ unités sont spécialisé(e)s sur les questions de TEH et TIM. 


  • Les brigades judiciaires provinciales de la Police nationale  comprennent plusieurs groupes sur les mineurs  (GRUMEs) en charge de protéger les mineurs victimes de  maltraitances psychologiques et physiques. 


  • Depuis 1995, la Garde civile possède parmi ses unités, des équipes en charge des femmes et  des mineurs (ENUMEs) qui ont été mises en place pour protéger les personnes vulnérables  telles que les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées ainsi que  pour enquêter sur les crimes concernant ces victimes. Les unités ENUMEs font partie des unités  de la police judiciaire en charge d’enquêter sur les crimes en lien avec la TEH. La Police nationale  et la Garde civile sont formées pour identifier les victimes de la traite et pour enquêter sur les  crimes relatifs à la TEH. 


  • En janvier 2013, une nouvelle structure interne a été mise en place au sein de la Police nationale  dont la Brigade centrale de lutte contre la TEH chapeautée par l’unité centrale UCRIF  (unité qui lutte contre les réseaux d’immigration et de faux documents). Cela signifie que la  lutte contre la TEH concerne également les actions contre le trafic de personnes et la migration  irrégulière. La principale fonction de cette brigade est « d’enquêter et de combattre les réseaux  et les organisations criminelles impliqués dans le trafic de migrants, dans l’immigration illégale,  dans l’exploitation par le travail, dans l’exploitation à des fins sexuelles et dans la TEH ». 


  • La Police nationale comprend également la Brigade centrale de lutte contre le crime  organisé, une brigade qui est en charge de l’immigration clandestine (qui inclut la TEH) et la  Brigade centrale concernant les enquêtes sur les crimes contre les personnes et qui prend aussi  en compte les crimes commis sur les enfants. 


  • Un registre des mineurs étrangers non accompagnés (MENAS) est dirigé par la Direction générale de la police. Les autorités espagnoles ont informé que 103 officiers constituaient la  Brigade de lutte contre la traite des êtres humains qui comprend aussi des groupes spécialisés sur  les questions de revenus qui résultent de crimes.

Mécanismes existants

Hotline, assistance téléphonique et/ou existence d’un site internet  pour les cas de traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des  migrants (TIM)

TEH/TIM (Violence domestique et contre les femmes) -  016/112

TEH - 091/062/  900 152 152/900 191 010

Autres (protection des enfants  /assistance) - 900 20 20 10


La hotline est accessible gratuitement 24/24, 7/7 

Plus d’informations sont accessibles au site Délégation du gouvernement contre la violence faites aux  femmes


Mesures mises en place aux frontières concernant la détection des  cas de traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants  (TIM)


L’identification des victimes potentielles de TEH relève de l’autorité des forces de police espagnoles. 


  • L’identification de potentielles victimes de TEH aux frontières est effectuée par le  bureau du Commissaire général des étrangers et des frontières de la Police nationale.  Lorsque les unités du Département fiscal et des frontières de la Garde civile interviennent, les  victimes potentielles sont amenées au bureau du Commissaire général des étrangers et des  frontières. Au sein de l’Unité centrale des frontières de la Police nationale, une cellule a été mise  en place pour la gestion, la coordination et le contrôle des entrées et des départs du pays des  nationaux espagnols et des étrangers. Le bureau du Commissaire général des étrangers et des  frontières de la Police nationale et le Commandement des douanes et des frontières de la Garde  civile sont tous deux en charge de la détection de potentielles victimes de TEH aux frontières  selon l’endroit où la détection a lieu : il peut s’agir d’un poste de frontière ou d’une autre  frontière, par exemple, une frontière maritime. 


  • Dans le cadre du Plan intégral de gestion des frontières espagnoles, la Police nationale a créé  un Protocole d’information et de collecte de données pour l’analyse des risques  aux frontières. Ce plan vise à réunir et communiquer immédiatement toute information qui  permette l’adoption de mesures et de mécanismes de lutte contre l’immigration irrégulière, la  traite des êtres humains, la contrefaçon de documents et d’identifier les menaces et les risques  existants aux frontières.


Mécanisme national de référence (MNR) et/ou Procédures  opérationnelles standardisées (SOP)


Il n’existe pas de mécanisme national de référence en soi. Il existe l’instruction 6/16 de secrétaire  d’État à la Sécurité « sur les actions des forces de sécurité de l’État et des instances de lutte contre  la TEH en collaboration avec les organisations et les entités qui ont une expérience approfondie de l’assistance aux victimes ». 


  • En Espagne, le protocole-cadre pour la protection  des victimes de la traite des êtres humains établi en  2011 par les ministères de la Santé, des Services sociaux  et de l’Égalité, de l’Intérieur, de la Justice, de l’Emploi et  de la Sécurité sociale, le bureau du procureur général  d’Espagne et le Conseil général du pouvoir judiciaire,  constitue le mécanisme national de référence dans  le domaine de la traite des êtres humains. Il met  également en place, et pour la première fois, des systèmes  formels de communication entre les administrations qui ont  autorité dans ce domaine et reconnaît le travail des ONG  spécialisées dans l’assistance aux victimes. Son application  s’étend à toutes les questions de la traite des êtres humains,  quelles qu’elles soient, indépendamment du sexe, de l’âge,  de l’origine ou de la situation administrative des victimes. Ce protocole-cadre est à la base de  l’articulation de divers autres protocoles régionaux. Il est également structuré de manière à  définir les directives de coordination des processus d’identification, de détermination de l’âge  et de référence des mineurs aux services d’aide à l’enfance. Il établit aussi le fonctionnement du Registre des mineurs étrangers non accompagnés (RMENA) qui vise à ce que l’intérêt de l’enfant  soit garanti, dont les questions relatives à la protection de mineurs étrangers, victimes de trafic. 


Liens du protocole-cadre : en anglais, en espagnol, en français 


Annexe 3 : Informations qui doivent être fournies aux victimes (en espagnol


Annexe 4 : Guide des ressources existantes pour les victimes de la traite aux fins d’exploitation  sexuelle (en espagnol


Agences judiciaires chargées d’enquêter sur les cas de TEH et de TIM


Les enquêtes criminelles, dont celles concernant les crimes de  TEH, sont quasiment exclusivement prises en charge par la  Police nationale (Policía Nacional) et la Garde civile (Guarda  Civil). 


  • La Police nationale, qui englobe les unités locales,  provinciales et centrales, a mis en place la Brigade  centrale de lutte contre la traite des êtres humains  qui est placée sous l’autorité de l’Unité de lutte  contre les réseaux d’immigration et de faux  documents (UCRIF) qui est elle-même rattachée au  bureau du Commissaire général des étrangers et des  frontières. Vingt-trois unités territoriales UCRIF établies  dans les provinces espagnoles gèrent les questions de TEH.  Dans les territoires où il n’existe pas d’unités UCRIF, les cas de TEH sont gérés par les brigades  des étrangers. La Police nationale a approuvé le Plan stratégique 2017-2021 qui comprend  comme objectif stratégique le démantèlement des réseaux nationaux et internationaux de trafic  de migrants et de TEH sous toutes ses formes d’exploitation. Les brigades provinciales de la  police judiciaire de la Police nationale ont également des groupes en charge des mineurs  (GRUMEs) qui ont pour objectif la protection des mineurs victimes de maltraitance physiques et  psychologiques.


  • La Garde civile est responsable de la surveillance des frontières vertes et maritimes. Elle  a en son sein des groupes de lutte contre la TEH placés sous l’autorité du Service  de renseignement criminel et de l’Unité centrale opérationnelle du Centre d’enquête  judiciaire (police judiciaire). Au niveau provincial, il existe des cellules de lutte contre la TEH  au sein des unités d’enquête. Tout comme dans la Police nationale, des représentants de la Garde  civile ont été désignés dans toutes les régions espagnoles. La Police nationale est compétente  et responsable pour les contrôles et les procédures de vérification concernant les ressortissants  espagnols et étrangers aux points d’entrées et de sorties des frontières (première et seconde  ligne de contrôle). Depuis 1995, la Garde civile a mis en place des équipes en charge des femmes  et des mineurs (EMUMEs) dont l’objectif est de protéger et de porter assistance aux personnes  vulnérables telles que les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées,  et d’enquêter sur les crimes où elles sont victimes. Les EMUMEs appartiennent aux unités de la  police judiciaire en charge des enquêtes sur les crimes en lien avec la TEH. 



APPUI ET SUIVI DES ENQUÊTES 


  • Le Centre de renseignement sur le crime organisé et le contreterrorisme (CITCO) placé sous l’autorité du ministère de l’Intérieur est composé d’officiers de la Police nationale et de  la Garde civile et agit comme centre de liaison avec le rapporteur national. Le CITCO développe  les renseignements stratégiques pour lutter contre le crime organisé, coordonne les opérations  lorsque plusieurs autorités policières sont impliquées dans une enquête et s’occupe du système  de gestion des données sur la traite des êtres humains (BDTRATA). 


  • Les services du ministère public, et plus précisément son unité des étrangers, supervisent  constamment les poursuites criminelles concernant les cas de TEH (tous trafics confondus) grâce  à un contrôle quotidien, et le suivi des enquêtes de police. Cette information est publique et  peut être consultée sur le site (sous fiscal : Especialista/Extranjería/Documentos y  normativa) sous le titre «Notas informativas y seguimiento del delito de trata de seres humanos »  (note d’information et suivi des crimes de traite des êtres humains).


Laboratoire de la police scientifique pour la vérification des  documents d’identité et des titres de voyage 

(L’objectif est de renforcer la vérification et l’établissement de l’identité tant des victimes que des  trafiquants)


La Police nationale a mis en place des unités de lutte  contre les réseaux d’immigration et de faux documents  (UCRIFs) qui sont en charge d’enquêter sur les crimes  relatifs à la TEH, au trafic de migrants et d’immigration irrégulière. L’unité centrale au sein du  siège de la Police des étrangers et des frontières coordonne 23 unités territoriales UCRIF  à travers l’Espagne. Dans les communes et les provinces où il n’existe pas d’unités UCRIF, les  tâches mentionnées ci-dessus sont effectuées par des équipes de police des étrangers locales ou  provinciales. En janvier 2013, une nouvelle structure interne de la Police nationale a été mise en  place. La Brigade centrale de lutte contre la TEH placée sous l’autorité de l’unité UCRIF a été créée.  Cela signifie que la lutte contre la TEH continue à être liée aux actions contre le trafic de personnes  et la migration irrégulière. Cette nouvelle brigade a pour principales fonctions « d’enquêter et  de combattre les réseaux et les organisations criminelles impliquées dans le trafic de migrants,  l’immigration illégale, l’exploitation par le travail, l’exploitation par la prostitution et la TEH ». 


La Police nationale a également une Brigade centrale de lutte contre le crime organisé (BRIC), une  Brigade en charge de la lutte contre l’immigration clandestine (ce qui inclut la TEH) et une Brigade  centrale d’investigation contre les crimes sur les personnes, les crimes contre les enfants sont  concernés. Le Registre des mineurs étrangers non accompagnés (MENAS) est dirigé par la Direction générale de la police. La Brigade centrale coordonne le travail des différentes brigades avec les unités  nationales et internationales de police et leur fournit renseignements et assistance.



Groupe technique de travail chargé d’étudier la traite des êtres  humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)


Au sein des différents forums sociaux (concernant les enfants, la lutte contre le trafic), des groupes  de travail ad hoc sont créés pour travailler sur différents thèmes relatifs au thème principal de  chaque forum. 


  • Le forum social a mis en place un groupe de travail pour analyser l’impact des mesures  légales concernant la protection de la sécurité publique quant à l’identification des victimes de  TEH aux fins d’exploitation sexuelle dans le but d’améliorer les capacités du forum à développer  des propositions et à collaborer sur des sujets spécifiques. Le groupe s’est retrouvé pour la  première fois en décembre 2017. Il est formé de représentants du réseau de lutte contre la TEH,  d’autres ONG, du ministère de l’Intérieur, de la délégation gouvernementale contre les violences  domestiques, de la Fédération espagnole des municipalités et de parlementaires. Un travail  important de coordination a également été mené par le Coordinateur national pour mettre les  acteurs en contact lors de réunions concernant les questions de TEH. 


  • Un groupe de travail a été mis en place comprenant des représentants du ministère public  (des services spécialisés qui s’occupent des enfants et des étrangers), du ministère de la Justice, du  ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports, du ministère de l’Emploi et de la Sécurité  sociale, du ministère de l’Intérieur, du ministère de la Santé, des Services sociaux et de l’Égalité,  des régions autonomes, de la ville autonome de Ceuta, de la Croix-Rouge, de Save the Children,  FAPMII ECPAT Espagne, du réseau espagnol de lutte contre la traite des êtres humains, de la  fondation Amaranta, d’APRAMP et de l’UNICEF. Un projet de protocole, qui comprend la liste  des indicateurs a été préparé et présenté à l’assemblée plénière de l’Observatoire des enfants le  1er décembre 2017 et adopté définitivement en mars 2018. 


  • Réseau espagnol contre la traite des êtres humains est composé de 20 ONG et entités  internationales qui sont membres à part entière ou membres associés. Le réseau est représenté  par un comité de coordination composé d’un secrétariat et de représentants des deux groupes  de travail qui ont été mis en place au sein du réseau (sur l’identification et l’orientation des  victimes et sur les politiques et la sensibilisation). Les tâches du secrétariat sont prises en charge  tour à tour par les membres de l’organisation, avec une rotation tous les quatre mois. Les  décisions sont prises lors d’assemblées plénières auxquelles tous les membres participent.


Agence chargée de la collecte et du traitement des données  administratives sur la traite des êtres humains (TEH)

Les autorités espagnoles ne possèdent pas de système de  statistiques complet concernant la question de la TEH. La  collecte de données est prise en charge par d’autres entités  : la Police nationale, la Garde civile, le bureau du procureur  en charge de l’immigration, les ONG spécialisées et les  gouvernements autonomes. La collecte des données issues  des divers acteurs est compliquée parce qu’il n’existe pas de  consensus. 


  • Le système de management des données sur la  traite (BDTRATA) géré par le CITCO est un outil  de compilation des données quantitatives concernant  la prévention et la lutte contre la THB provenant des  informations recueillies par les forces de sécurité de l’État.  L’analyse des informations sur les données personnelles qui ont été collectées par le BDTRATA  est encadrée par la loi 15/1999 du 15 décembre sur la protection des données personnelles. Depuis 2013, CITCO a mis à jour, amélioré et adapté le BDTRATA afin d’obtenir une information  plus large et plus fiable sur les différentes fins de la traite en Espagne qui ne se limite pas  seulement aux fins d’exploitation sexuelle. L’information présente dans le BDTRATA est à la  base de la préparation des rapports annuels sur la TEH publiés par le CITCO qui se concentrait  jusqu’alors surtout sur la traite aux fins d’exploitation sexuelle. En 2015, le CITCO a publié pour  la première fois des données sur les victimes de la TEH aux fins d’exploitation sexuelle, mais  aussi celles exploitées aux fins d’exploitation par le travail. Depuis 2016, le CITCO a commencé  à rassembler des données sur toutes les formes de la TEH, dont la mendicité forcée, l’activité  criminelle forcée et le mariage forcé.


  • La Cellule du ministère public en charge des affaires étrangères (Fiscalia de Extranjeria)  collecte des données sur les procédures criminelles concernant les cas des TEH ainsi que sur les  victimes de ces cas et publie tous les ans un rapport intitulé « Informative notes and follow-up on  the crime of trafficking in human beings » (Notes informatives et suivi sur le crime de traite des  êtres humains). La différence entre les statistiques qui concernent les victimes de trafic collectées  et publiées par le bureau du ministère public et celles de CITCO (BDTRATA) vient du fait que les  statistiques de CITCO sont issues des enquêtes policières où existent une suspicion sur la TEH  alors que celles du ministère public sont basées sur l’analyse judiciaire de ces cas qui peuvent se  transformer en procédure judiciaire à proprement dit. La Cellule du bureau du ministère public  en charge des affaires étrangères étudie chaque action concernant des situations de TEH, sur  la base des informations reçues des agences policières régionales et nationales en lien avec les  affaires ouvertes dans le cadre de l’article 117bis du Code de procédure pénale, les mesures  d’investigation mises en place et les demandes d’entraide judiciaire. Depuis le dernier trimestre  2017, le Conseil général du pouvoir judiciaire a commencé à collecter les données sur les  décisions rendues dans les affaires de TEH directement auprès des tribunaux criminels. 


Les rapports pour 2017 et 2018 sont accessibles et peuvent être trouvés sur les liens suivants :  2017 et 2018 (en espagnol uniquement). Se référer au rapport du GRETA pour des informations en  anglais. 

Coopération transfrontalière et internationale

Accords internationaux et accords bilatéraux de coopération relatifs à la lutte contre la traite et le trafic illicite transfrontalier.


Au niveau international et régional, en plus des accords passés avec l’ONU et l’UE, l’Espagne a signé  les accords suivants : 



  • L’Espagne est partie à plusieurs conventions interaméricaines concernant l’entraide judiciaire en  matière criminelle. La convention Belem do Pará vise à prévenir, punir et éliminer la violence  contre les femmes, le trafic international d’enfants et l’application des condamnations pénales  étrangères. L’Espagne a également signé un certain nombre d’accords multilatéraux avec les pays  d’Amérique centrale concernant l’entraide judiciaire en matière criminelle, sur l’extradition et  les mandats d’arrêt. L’Espagne a aussi conclu des conventions bilatérales d’entraide judiciaire en  matière criminelle avec l’Argentine, la Bolivie, la Colombie, la République dominicaine, le Chili,  le Mexique, Panama, le Paraguay, le Pérou, El Salvador, l’Uruguay et le Brésil et des accords  d’extradition avec Cuba, le Guatemala, l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Costa  Rica, l’Équateur, la République dominicaine, le Chili, les États-Unis, le Honduras, le Mexique,  le Nicaragua, Panama, le Paraguay, le Pérou, El Salvador, l’Uruguay et le Venezuela. L’Espagne  est membre d’IberRed, le Réseau international de coopération judiciaire ibéro-américain et  l’Association des ministères publics ibéro-américains (AIAMP). 


  • Les accords de siège entre l’Espagne et l’Organisation internationale pour les migrations  (OIM) ont été signés en 2006 à Genève. Le bureau de l’OIM à Madrid, en coopération avec  le Gouvernement espagnol, fournit une assistance au retour volontaire et à la réintégration à  travers le Programme de retour volontaire assisté et réintégration. 


Au niveau bilatéral, l’Espagne a signé les accords suivants : 


  • Le ministère espagnol de l’Intérieur a conclu des accords de coopération de lutte contre  le crime organisé (dont la traite des êtres humains) avec un certain nombre de pays : le  Cameroun, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, le Kazakhstan, la Côte d’Ivoire, Panama,  la République de Moldavie, l’Ouzbékistan, l’Arabie saoudite, le Mexique, la Chine, le Chili, la  Géorgie, l’Égypte, la Mauritanie, le Niger, Andorre et les Philippines.  


  • L’Espagne a signé des accords bilatéraux avec tous ses voisins sur la coopération  judiciaire transfrontalière. Les mesures judiciaires sont la surveillance, le contrôle des  livraisons, les poursuites transfrontalières, les opérations de police conjointes — en particulier les  patrouilles conjointes —, le partage d’informations, l’assistance transfrontalière au personnel et la  coopération douanière dans les centres de police conjoints. 


Ces accords incluent EUROPOL, FRONTEX ET INTERPOL. Au sein de l’Union européenne, l’Espagne collabore avec EUROPOL et EUROJUST sur la mise en place des équipes d’investigation  conjointes (JIT) sur les cas de TEH. À travers la coopération judiciaire internationale, les forces de  sécurité de l’État ont reçu l’information de membres de la famille ou de connaissances de victimes de  TEH possiblement exploitées en Espagne (principalement originaires de Roumanie et de Bulgarie), ce  qui a permis, dans certains cas, de libérer les victimes et d’arrêter les trafiquants. 


La Police nationale maintient une étroite collaboration avec l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes FRONTEX. Elle a participé à des missions internationales  conjointes et à l’échange d’informations sur la TEH. La Police nationale attend la création d’une  équipe commune d’investigation (JIT) avec les autorités grecques dans le cadre d’une enquête sur la  traite des êtres humains en Espagne. La Garde civile prend également part à des actions communes  internationales telles que le partage de renseignements, la coordination d’investigations et la  participation à des équipes communes d’investigation (JIT). 


Le CITCO, la Police nationale et la Garde civile ont mis en place des actions conjointes de  lutte contre les trafics tant au niveau national qu’international. CITCO participe à la plateforme  européenne EMPACT (European Union’s Multidisciplinary Platform against Criminal Threats) qui a  été établie sur l’élément de base du cycle politique de l’UE 2011-2017. L’échange de données a été  renforcé à travers le réseau des conseillers et attachés du ministère de l’Intérieur et des liens de la  police avec d’autres pays et organismes internationaux tels que EUROPOL et INTERPOL


  • L’Agence espagnole pour la coopération et le développement international (AECID) placée  sous l’autorité du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a, depuis 2013, mis en  place trois projets en Mauritanie (dans le but de combattre l’esclavage et de mettre en place la  protection et un système d’intégration des filles qui étaient travailleuses domestiques et victimes  de violences et de mauvais traitements).


  • Le Fonds international de coopération et de développement CEDEAO — Espagne finance  des projets qui permettent de développer la libre circulation des personnes en Afrique de  l’Ouest, de combattre la traite des êtres humains et de renforcer les liens entre la migration et  le développement (budget de 10 millions d’euros). Actuellement, les projets sont développés en  Guinée-Bissau, au Niger, à la Sierra Leone, au Burkina Faso, au Mali, au Togo et au Liberia.


Mécanisme transnational de référence (MTR)  


Il n’existe pas de mécanisme transnational de référence.


Pour en savoir plus sur les MRT, voir le projet et l’outil TACT (Transnational Referral Mechanism  Model) de l’OIM.


Autres instruments utilisés pour la coopération internationale 


  • Dans le cadre du projet financé par l’UE « Élaboration des orientations et des procédures  d’identification des victimes de la traite des êtres humains » (Euro TrafGuID), des outils pratiques  ont été développés à un premier niveau pour rendre possible l’identification des victimes de  TEH (aux fins d’exploitation sexuelle, aux fins d’exploitation par le travail, aux fins de mendicité  forcée ou d’activités criminelles forcées). Ils ont été traduits en espagnol et mis à disposition sur  le site internet de la délégation gouvernementale contre les violences domestiques. Les ONG  ont elles aussi mis en place différents outils pour promouvoir l’identification des victimes de la  traite. Un guide à l’attention des avocats publié par le Conseil général espagnol des avocats existe  également. Son objectif est d’aider à la détection des victimes de TEH et à l’assistance à leur  donner. 

  • Un guide des critères d’action judiciaire publié par le Conseil général du pouvoir judiciaire a pour  objectif de détecter et d’enquêter sur la traite des êtres humains aux fins d’exploitation. 

  • Détection et défense des victimes de la traite. 

  • Guide pratique pour les juristes  

  • Guide d’intervention auprès des femmes victimes de violences domestiques découlant du  confinement dû à la pandémie de COVID-19 

  • Rapport « L’autre côté de la traite »  

  • Manuel d’assistance de l’OIM

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