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Guinée
Profil national
Introduction
Information générale
La Guinée est un pays source, de transit et jusqu’à un certain point, de destination pour les victimes hommes, femmes et enfants. Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables et donc les plus à même d’être trafiqués. Les trafiquants soumettent les hommes, les femmes et les enfants au travail forcé dans le domaine de l’agriculture - dans les plantations de café, de cajou et de cacao -, dans les mines de diamants et les mines d’or, dans la garde des animaux, dans la pêche ; ils forcent les garçons à mendier, à vendre dans les rues et à cirer les chaussures. Les membres du gouvernement reconnaissent que la ville de Koundara, située au nord-ouest de la Guinée, est un point de transit pour les trafiquants. On retrouve des femmes et des filles guinéennes victimes de servitude domestique et de trafic sexuel en Afrique de l’Ouest, en Europe, au Moyen-Orient et aux États-Unis. Des rapports indiquent que les réseaux de traite recrutent frauduleusement des femmes originaires de Guinée, de la Sierra Leone et du Libéria, et utilisent l’aéroport de Conakry pour les transporter et les exploiter ensuite au Kuwait et au Qatar. La migration illégale à destination de l’Europe entraîne le développement de réseaux qui facilitent le voyage et financent la traite par voie terrestre de la Guinée à l’Afrique du Nord. La restriction des mouvements due à la COVID-19 a eu pour conséquence d’accroître la traite et le trafic illégal de migrants et semble favoriser le développement des trafics en Guinée. Dans l’impossibilité de migrer de manière régulière, les personnes sont forcées de choisir des méthodes de déplacement irrégulières entre les pays, augmentant leurs risques de devenir victimes de la traite et/ou du trafic lors de leur migration.
Données et tendances
Le gouvernement ne publie pas de données exhaustives sur l’identification des victimes. Mais, en 2017, le comité national de lutte contre la traite a déclaré avoir identifié entre 45 et 65 victimes de la traite. En 2019, 31 victimes et 65 victimes présumées ont été identifiées : une augmentation de 14 victimes et 61 victimes présumées en comparaison aux victimes identifiées et présumées de 2018.
La majorité de ces victimes sont originaires de Guinée ; quelques-unes sont originaires de la Sierra Leone et du Cameroun. En 2019, le gouvernement a déclaré avoir identifié 29 mineurs victimes du travail forcé. La même année, sur la base des données collectées dans les 34 préfectures, le gouvernement a indiqué que trois enquêtes avaient eu lieu, trois poursuites pénales, mais pas de condamnation. C’est une baisse significative comparée aux 62 enquêtes, 54 poursuites pénales et les 55 condamnations déclarées par les préfectures en 2018. De 2017 à 2019, l’OIM a facilité le rapatriement de 72 victimes en Guinée et de 11 rapatriements d’autres victimes dans leurs pays d’origine.
TIM : entre 2017 et 2019, 72 migrants ont été trafiqués hors de la Guinée à destination de la Libye, du Kuwait, du Kenya, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger et du Pérou
Cadre législatif et politique
Conditions d’entrée sur le territoire
Tous les ressortissants des 15 pays membres de la CEDEAO peuvent voyager/entrer dans le pays avec une carte nationale d’identité ou un laissez-passer CEDEAO.
Visa à l’arrivée : les ressortissants des Émirats Arabes Unis (jusqu’à 90 jours).
E-visa : les ressortissants des pays membres de l’Union européenne et de la Libye (jusqu’à 90 jours).
Exemption de visa : les citoyens de Mauritanie, du Maroc, de Namibie, du Rwanda, de Tanzanie et de Tunisie.
Plus d’information au sujet des exemptions de visas : Direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) (en anglais / en français).
Législation nationale
Pour respecter les accords régionaux et internationaux où elle est signataire, la Guinée a mis en place des mesures institutionnelles et légales pour lutter contre la traite des êtres humains. Au plan juridique, la Guinée n’a pas de loi spécifique à la TEH, mais a adopté une législation qui y est associée :
Le Code pénal (révisé en 2016), Section III, article 323 et 324 (qui se concentrent sur la traite des êtres humains et le trafic illégal de migrants). Dorénavant, les juges guinéens sont mieux guidés pour juger des cas de TEH. Grâce à la révision du Code pénal, et en comparaison avec les années précédentes, plus de cas de TEH ont été soumis aux tribunaux et jugés. Cela démontre une progression significative dans le traitement de ces crimes (disponible en français).
Le Code de protection de l’enfant de 2010, article 385 à 396. Le Code de protection de l’enfant révisé prend en compte une liste plus spécifique des activités dangereuses liées au travail des enfants, et ce dans tous les domaines. Cette révision a été soumise à l’Assemblée nationale et est en attente d’être votée. La loi guinéenne interdit les activités et les occupations dangereuses pour les enfants. Cependant, cette interdiction ne concerne pas les activités agricoles. L’article 2.6 de l’ordre 2791 interdit aux enfants de moins de 18 ans de travailler à l’extraction de minéraux ou de matériaux dans les mines et les carrières. Le Code de protection de l’enfant interdit toutes formes de traite des enfants — selon la définition internationale du crime — et envisage des peines d’emprisonnement de trois ans à vie pour les trafiquants (disponible en français).
La Loi L/2019/0059/AN du 30 décembre 2019 portant Code de l’Enfant de la République de Guinée, promulguée par le Président de la République le 11 mars 2020 (décret D/2020/065/ PRG/SGG) a été publiée au Journal Officiel le 19 Juin 2020. Voir plus spécialement les articles 893 et suivants du Code en vigueur (disponible en Français).
EN CE QUI CONCERNE LE TRAFIC ILLICITE DE MIGRANTS.
De manière générale, le cadre juridique national est en accord avec les mesures établies par le Protocole des Nations Unies sur le trafic illicite de migrants.
Afin de prendre en compte ces conventions dans le cadre juridique national, le pays a amendé son Code de protection de l’enfant, son Code du travail et son Code pénal. Plus précisément : le Code pénal et le Code de procédure pénale guinéens ont été révisés en décembre 2016, la criminalisation de la traite des êtres humains et du trafic illicite de migrants y a été inscrite, remplissant ainsi un vide juridique. Une série de dispositions spécifiques s’appliquent au crime de TIM (article 334 à 340 de la Section IV du Code pénal) conformément au protocole des Nations Unies contre le trafic. Le trafic illicite de migrants est punissable de 1 à 3 ans de prison et/ou d’une amende de 5 millions à 10 millions de francs guinéens — GNF — (de 500 à 1000 euros). Si le crime est commis par un groupe criminel organisé, l’article 335 du Code pénal établit une peine de 3 à 5 ans de prison et une amende allant de 10 millions à 50 millions GNF (de 1000 à 5000 euros).
L’article 336 du Code pénal criminalise également le fait de produire, de rechercher, de fournir et de posséder des documents d’identité ou de voyage frauduleux qui ont été fabriqués dans le but d’entrer illégalement dans le pays. Y contribuer par complicité est puni des mêmes peines que celles appliquées à l’accusé (article 337 du Code pénal). Les circonstances aggravantes spécifiques sont : la mise en danger de la vie ou de la sécurité d’un migrant, l’infliction d’un traitement dégradant ou inhumain et l’exploitation. Enfin, la tentative est également criminalisée par l’article 338 du Code pénal. Les entités juridiques peuvent aussi être tenues responsables devant la commission des crimes selon la Section IV du Code pénal.
Modifications récentes et nouveaux décrets
Le décret D/2018/260/PRG/SGG promulgue la loi L/2018/050/AN du 28 octobre 2018 relative à l’asile et à la protection des réfugiés en République de Guinée (disponible uniquement en français).
La Guinée a développé la politique de protection et du bien-être des travailleurs migrants. En 2015, le ministre des Droits de l’Homme et des Libertés Civiles de Guinée a présenté son rapport initial sur la mise en place des dispositions de la Convention internationale de protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.
Nouvelles politiques existantes
La politique nationale de migration : Dans le cadre du financement de l’UE et de la CEDEAO de « l’assistance pour la libération de mouvements et des migrations en Afrique de l’Ouest (FMM Afrique de l’Ouest) », le gouvernement guinéen a commencé le processus d’élaboration de sa politique nationale de migration. Ce document vise à établir des stratégies de gestion des migrations et à améliorer l’articulation de politiques sectorielles qui traitent les questions relatives aux migrations : par exemple la migration pour le travail, la mobilisation de la diaspora, la lutte contre le trafic/la traite, la gestion des frontières. Les politiques sectorielles résulteront de la politique nationale de migration. Le processus de développement des politiques est dirigé par le ministère des Affaires Étrangères guinéen et des Guinéens de l’étranger. Plus d’informations en anglais.
Mesures en place concernant l’assistance juridique aux victimes et leur indemnisation
L’ASSISTANCE JURIDIQUE
Le ministère de la Justice est chargé d’assurer l’assistance juridique. Après l’identification et une enquête approfondie, une fois que les résultats de l’enquête ont été obtenus, l’assistance juridique est considérée comme nécessaire et donnée dans le cadre du consentement éclairé de la victime. Il n’y a pas de conditions particulières. L’accès à l’assistance juridique est décidé au cas par cas.
Plan d’action national sur la TEH et le TIM
Sous l’autorité du ministère de l’Action sociale, de la Promotion féminine et de l’Enfance (MASPFE), le Comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (CNLTPPA) est chargé de surveiller la mise en place du plan d’action national suivant :
Le plan d’action national de lutte contre la traite des personnes et des pratiques similaires a été voté le 24- 25 juin 2020 à Conakry pour une durée de 3 ans. Le plan d’action national comporte six axes stratégiques :
Améliorer le cadre institutionnel et juridique.
Renforcer le système de prévention de la traite.
Promouvoir l’assistance aux victimes.
Intensifier la répression.
Renforcer la coopération et les partenariats.
Contrôler et évaluer.
Autres plans d’action existants, en lien avec la traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
Le plan national de développement (2016-2020) souhaite promouvoir le développement durable et l’égalité sociale. Le plan est supervisé par le ministère de la Planification et de la Coopération internationale et est financé par la Banque Mondiale. Il comprend des activités de lutte contre l’exploitation sexuelle et commerciale des enfants, de la traite des êtres humains et du travail des enfants.
Agences d’appui et d’assistance aux victimes de la traite des êtres humains (TEH)
Autorité compétente et mécanismes utilisés pour l’identification et la reconnaissance officielle des personnes victimes de TEH
L’OPROGEM serait, en collaboration avec les membres du CNLTPPA, l’autorité la plus compétente. Afin de déterminer si une personne est une victime de la traite, elle est interviewée par un officier de police qui utilise un formulaire de dépistage d’identification des victimes. Le statut est défini au cas-par-cas : une personne peut recevoir une assistance avant d’être reconnue comme victime de la traite (être reconnue victime de la traite n’est pas une nécessité pour recevoir une assistance).
Services et agences d’assistance aux victimes/coordonnées
Il n’existe pas de document disponible qui désigne les services disponibles au public. Toutefois, les SOPs qui concernent la protection et l’assistance aux enfants migrants ont listé les entités et les services disponibles. Le MNR qui est en cours de développement effectuera une mise à jour.
Cadre institutionnel
Institutions chargées de l’identification des victimes de la traite des êtres humains et de l’identification des trafiquants sur le terrain
L’identification des victimes est effectuée généralement par divers acteurs :
OPROGEM (Office de Protection du Genre, de l’Enfance et des Mœurs)
Les officiers de police / de la gendarmerie (la Brigade spéciale)
CNLTPPA (Comité national de Lutte contre la Traite des Personnes et Pratiques Assimilées)
ONG
Agence chargée de la gestion et du contrôle des frontières, de l’entrée et de la sortie du territoire
L’institution chargée de la gestion des frontières et du contrôle des entrées et des sorties est la direction centrale de la police aux frontières (DCPAF).
La DCPAF est une direction centrale placée sous l’autorité de la direction générale de la police nationale qui a pour mission d’élaborer la politique du gouvernement dans les domaines de l’émigration, de l’immigration et du contrôle des séjours des étrangers. Elle est responsable aussi de la gestion des frontières nationales, des réglementations des mouvements des personnes (entrées, sorties, visas, les réfugiés, la traite des êtres humains, etc.).
La DCPAF a cinq divisions :
La division administrative et juridique (qui comprend le département des documents frauduleux et de contingence)
La division de l’émigration
La division de l’immigration
La division du contrôle de séjours et de lutte contre la migration clandestine
Le service informatique
Institutions et organismes nationaux chargés de la question du trafic illicite de migrants
En Guinée, différentes autorités judiciaires encadrées par le CNLTPPA s’occupent et luttent contre la TEH.
La direction centrale de la police des frontières (DCPAF) est chargée du contrôle des frontières et de la délivrance des documents d’identité et de voyage aux citoyens guinéens et travaille en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères.
La direction nationale d’INTERPOL (NCB) est chargée de mener les enquêtes, de faire appliquer les lois nationales et de renforcer la sécurité nationale. Elle a un accès direct à la base de données d’Interpol sur les suspects recherchés, les véhicules volés et les documents de voyage volés ou perdus.
L’office pour la protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM) : est l’agence judiciaire spécialisée dans la lutte contre les violences sur les femmes, les enfants et les personnes vulnérables. OPROGEM est également chargée de sensibiliser et de mettre en place des formations sur les questions de violences contre les femmes. L’office a un système de collecte de données utilisé lors des enquêtes concernant les femmes et les enfants victimes de la traite.
L’Office Central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) est un département spécial placé sous l’autorité de la présidence de la République et qui lutte contre le crime organisé au niveau national et transnational. Ce département est composé d’unités de police d’élite. La gendarmerie et les forces armées sont entraînées aux procédures d’enquêtes.
La Brigade spéciale de protection des personnes vulnérables de la gendarmerie (BSPPV) : Est une unité spéciale sous les auspices du Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale, Direction de la Justice Militaire (HGNDJM).
Le ministère de la Justice, le ministère des Affaires étrangères et les ONG participent aussi aux activités liées à la lutte contre la TEH et le TIM.
Comité de coordination / cellule de lutte / observatoire sur la traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
Le décret D/2017/039/PRG/SGG du 17 février 2017 (en français uniquement) définit les responsabilités, l’organisation, la composition et le fonctionnement du comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (CNLTPPA). Le comité est placé sous l’autorité du ministère de l’Action sociale, de la Promotion féminine et de l’Enfance. Il est également l’entité gouvernementale qui coordonne les efforts du gouvernement dans sa lutte contre la traite et le trafic des êtres humains. Il est mandaté pour :
Développer le Plan d’Action National (PAN) sur la prévention, la protection, la répression, le retour, la réintégration, la coordination et la coopération de tous les acteurs qui combattent la traite des êtres humains et les pratiques assimilées.
Collecter et partager les informations sur la traite des êtres humains et pratiques assimilées
Défendre la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées
Identifier et mobiliser les ressources matérielles et financières
Réunir les expériences de prévention, d’assistance et de réintégration ainsi que les informations sur l’identité des victimes, des auteurs et de leurs complices et sur les mesures prises contre ces derniers.
Organiser le retour et la réintégration des victimes dans les meilleures conditions possibles en collaboration étroite avec les autorités administratives, les représentations diplomatiques et/ou avec une visite consulaire dans le pays d’origine.
Contribuer à l’établissement de mécanismes de coopération subrégionale, régionale et internationale pour lutter contre la traite des êtres humains et pratiques assimilées.
Fournir des rapports aux autorités compétentes et aux organes de surveillance des traités sur les progrès de mise en place des programmes de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées et de la lutte contre le trafic illégal de migrants.
Le CNLTPPA a un secrétariat exécutif composé du :
Ministère de l’Action sociale et des personnes vulnérables
Ministère de la Justice
Ministère d’État à la Sécurité et la Protection civile
Les autre membres :
Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation
Ministère du Travail et de la Loi sociale
Ministère des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger
Ministère de la Jeunesse
Ministère de l’Éducation
Ministère de l’Emploi
Ministère de la Sécurité
ONG Sabou Guinée
ONG Colte
Unités spécialisées sur les questions de la traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
D’autres mécanismes clés qui coordonnent les efforts du gouvernement sur les questions du travail des enfants existent au côté de l’unité spéciale de l’OPROGEM de lutte contre le crime organisé.
Le Comité guinéen de suivi des droits de l’enfant (CGSDE) qui élabore, coordonne et supervise les efforts du gouvernement sur les questions du travail des enfants. Il est placé sous la responsabilité du ministère de l’Action sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance (MASPFE).
La division de protection de l’enfance au sein de la direction des enquêtes judiciaires (DU) de la gendarmerie nationale identifie également les enfants en situation de vulnérabilité lors des visites d’inspection de certains sites tels que les docks et les motels. Lorsque cela est nécessaire, les deux structures dirigent les mineurs vers une ONG ou vers les systèmes de protection de l’enfance en Guinée.
Mécanismes existants
Hotline, assistance téléphonique et/ou existence d’un site internet pour les cas de traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
TEH/TIM - 118 (Gendarmerie)/122 (Gendarmerie nationale)
Autres (protection des enfants /assistance) - Pas disponible
Mécanisme national de référence (MNR) et/ou procédures opérationnelles standardisées (SOPs)
Il n’existe pas mesure particulière. Cependant, le gouvernement a pris des décisions concernant la formation des agents de la police aux frontières à l’identification des victimes de la traite, et concernant le renforcement des capacités mises en place par l’OIM en coordination avec le MIDAS (Système d’Analyse des Données d’Informations sur la Migration) pour la détection des cas de traite et de trafic aux frontières.
Mesures mises en place aux frontières concernant la détection des cas de traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
La Guinée ne possède pas de mécanisme de référence Toutefois des procédures opérationnelles standardisées concernant l’identification, la référence et l’assistance aux victimes de la traite ont été mises en place et signées par les acteurs nationaux engagés dans la lutte contre la traite et le trafic des êtres humains. Tous les acteurs concernés (le gouvernement, le CNLTPPA, les ONG, etc.) par ces questions sont chargés de la mise en œuvre des SOPs dans leurs tâches quotidiennes. Les acteurs de première ligne coordonnent les actions par téléphone et email et ont accès à un service décentralisé à travers tout le pays.
Les SOPs ont été mises en place et signées il y a peu de temps. Elles sont disponibles sur demandes auprès du CNLTPPA.
Agences judiciaires chargées d’enquêter sur les cas de TEH et de TIM
L’Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM) est une unité spéciale de lutte contre le crime organisé. Il a été créé par l’Ordre n˚ 3476 du 1er décembre 2009 et se trouve sous la responsabilité du ministère de la Sécurité et de la Protection civile. L’OPROGEM est une unité spéciale de police qui emploie 56 officiers chargés d’enquêter et de compiler les statistiques sur les crimes commis contre les enfants et les femmes.
La Brigade spéciale de protection des personnes vulnérables de la gendarmerie (BSPPV) : Est une unité spéciale sous les auspices du Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale Direction de la Justice Militaire (HGNDJM). La mission de ces deux unités concerne principalement la répression de la violence, en particulier la violence domestique, la traite, les viols, les enlèvements, les mutilations génitales féminines et les mariages forcés.
Laboratoire de la police scientifique pour la vérification des documents d’identité et des titres de voyage
(L’objectif est de renforcer la vérification et l’établissement de l’identité tant des victimes que des trafiquants)
Deux services sont chargés de l’analyse technique des enquêtes sur le territoire guinéen : la Direction de la police technique et scientifique (DPTS) qui est rattachée à la direction centrale de la police judiciaire du ministère de la Sécurité et de la Protection civile ; et l’Unité régionale de police technique et scientifique (URPTS) qui est placée sous l’autorité du haut commandement de la gendarmerie nationale et donc du ministère de la Défense nationale.
La Direction de la police technique et scientifique (DPTS) : depuis 2009, la DPTS a collecté et classé approximativement 8000 feuillets d’identification numérique (de 10 doigts) qui correspondent à la « zone spéciale » (ZS) de Conakry. Cette base de données centrale gérée par la DPTS comprend également tous les fichiers criminels de la ZS enregistrés depuis 2010. L’équipe d’intervention de la DPTS est constituée de cinq officiers qui s’occupent principalement des activités techniques et scientifiques du fait du manque de ressources techniques.
L’Unité régionale de la police technique et scientifique (URPTS) est hébergée dans les locaux de l’école de gendarmerie de Sonfonia, dans la banlieue de Conakry. Créée en juin 2018, cette unité compte huit sous-officiers récemment spécialisés en criminalistique. Cette équipe possède une expertise dans le domaine d’assistance aux investigations, de l’identification criminelle, de la balistique et du cybercrime. Elle est chargée de l’administration du fichier central d’identification criminel. L’URPTS est un service bien structuré, mais ses locaux sont extrêmement éloignés du centre-ville de la capitale. Le fichier d’identification criminelle créé en 2013 ne contient que quelques centaines de fiches d’empreintes (des 10 doigts). Les fichiers papier sont scannés et enregistrés ensuite dans une base de données réalisées sous le logiciel Access, le serveur n’est cependant pas suffisamment puissant pour mener des recherches. L’URPTS a un équipement plus moderne que celui utilisé par la DPTS.
Groupe technique de travail chargé d’étudier la traite des êtres humains (TEH) et le trafic illégal des migrants (TIM)
Le CANEPE est un groupement d’acteurs nongouvernementaux - tels que l’UNICEF, l’OIM, Sabou Guinée et d’autres - qui travaillent à la protection des enfants.
La coalition nationale des ONG pour la protection et la promotion des Droits de l’Enfant et de lutte contre la traite (COLTE/CDE) est une structure qui rassemble quatre-vingt-quatre (84) ONG nationales et internationales qui travaillent dans le domaine de l’enfance en Guinée. COLTE/CDE vise à améliorer l’efficacité des interventions sur les droits et la protection des enfants en Guinée. COLTE/CDE prétend :
Renforcer les capacités d’intervention des ONG dans ce domaine ;
Être un interlocuteur crédible pour l’ensemble des partenaires/acteurs (donneurs, gouvernement, société civile) dans le domaine de protection et de promotion des droits des enfants en Guinée ;
Développer des actions en synergie entre les ONG membres.
Agence chargée de la collecte et du traitement des données administratives sur la traite des êtres humains (TEH)
La collecte de données administratives sur la traite et le trafic est menée par l’Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM) en coordination avec le CNLTPPA.
L’OPROGEM s’est vu confier la préparation, l’organisation et le suivi des activités, des programmes et des autres mesures juridiques adoptées par les forces de police pour protéger les catégories vulnérables de la population et la moralité. Les responsabilités de l’OPROGEM incluent la collecte, l’échange et le partage des données sur la protection de l’enfance, des femmes et de la moralité, sur l’identité de ceux responsables de la violation de ces principes et de leurs complices, la surveillance des entrées et des sorties des enfants du territoire national, la promotion d’un mécanisme de coopération internationale pour la protection des droits des enfants et des femmes et de la moralité.
La Brigade spéciale de protection des personnes vulnérables de la gendarmerie (BSPPV) appui et participe aussi dans la collecte de données à travers les cas et enquêtes qui lui sont confiées.
Coopération transfrontalière et internationale
Accords internationaux et accords bilatéraux de coopération relatifs à la lutte contre la traite et le trafic illicite transfrontalier.
AU NIVEAU INTERNATIONAL ET RÉGIONAL, LA GUINÉE A SIGNÉ LES ACCORDS SUIVANTS :
La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles (2000) et la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant (1990).
La CEDEAO (1975) et tous les protocoles résolutoires concernant le séjour et la libre circulation des personnes : la Guinée est un État membre de la CEDEAO et y a une représentation placée sous l’autorité de la direction générale de l’intégration africaine du ministère de la Coopération et de l’Intégration africaine. La signature du traité révisé soumet les États souverains à accepter les 93 articles et à travailler ensemble en tant que bloc économique régional. En signant le traité révisé le 28 mai 1975 à Lagos, les États membres réaffirment que le Traité établit une communauté économique des pays d’Afrique de l’Ouest et qu’ils prennent ses réalisations en considération.
Chartre africaine des droits de l’homme et des peuples – signée et ratifiée par la Guinée en 1982
Communauté des États Sahélo-Sahariens CEN-SAD – La Guinée devient membre subséquent en 2007
Chartre africaine des droits et du bien-être de l’enfant – adhésion de la Guinée en 1989
La plateforme commune d’action de Libreville du 24 février 2000 sur le développement de stratégies de lutte contre la traite des enfants aux fins d’exploitation par le travail en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. La consultation de Libreville est le résultat d’un long processus de collaboration et d’échanges continus entre l’UNICEF, l’OIT et le gouvernement du Gabon et qui a facilité la participation de 21 autres pays de la région d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.
L’accord multilatéral de coopération régionale de lutte contre la traite des êtres humains en particulier les femmes et les enfants en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale à Abuja le 6 juillet 2006.
L’accord de coopération de lutte contre la traite des enfants en Afrique de l’Ouest signé le 27 juillet 2005 à Abidjan entre le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Togo.
L’accord de siège entre la Guinée et l’Organisation Internationale de Migrations (l’OIM) est signé en 2001 à Genève. L’OIM a un bureau à Conakry qui apporte une assistance pour la formation opérationnelle et administrative du gouvernement sur les questions de gestion des flux migratoires. Cette formation prend en compte la gestion des postes de contrôle frontaliers régionaux et bilatéraux, la prévention des crimes liés aux migrations, la sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière et sur le trafic illégal de migrants, l’emploi des jeunes et l’entrepreneuriat, la formation des agences de police et des organismes chargés de l’application de la loi pour coordonner la lutte contre la traite des êtres humains.
L’OIM est la principale organisation internationale qui assiste le CNLTPPA sur les questions de lutte contre la traite des êtres humains. Son action passe par :
La mise en place de formations sur l’identification, la référence et l’assistance aux victimes de la traite aux membres du CNLTPPA, aux officiers de police, aux agents d’immigration et aux autres acteurs clés.
L’appui continu au gouvernement de Guinée dans ses efforts de révision et de mise en place du plan d’action national de lutte contre la traite des êtres humains depuis 2006 ; dans l’élaboration de procédures opérationnelles standardisées (SOPs), qui se concentrent sur l’identification et le référencement des victimes de la traite, qui ont été validées et signées au niveau national.
L’assistance donnée au gouvernement pour créer des mécanismes de coordination entre les acteurs institutionnels, ceux de la société civile et ceux du secteur privé pour renforcer l’information sur les fausses offres d’emploi et empêcher ainsi les jeunes migrants de devenir des victimes des réseaux de traite et de trafic.
Plus d’informations : en français — en anglais
Et plus récemment :
Droits humains : l’OIM va bientôt mettre en place une plateforme de lutte contre la traite des personnes
L’UNODC n’a pas de bureau en Guinée, mais continue à soutenir le gouvernement guinéen dans la lutte contre la traite des êtres humains. En février 2019, l’organisation a réalisé une formation à Conakry à l’attention de 30 juges et procureurs des tribunaux de première instance afin qu’ils acquièrent une meilleure compréhension du crime et qu’ils puissent identifier et poursuivre les auteurs de traite des êtres humains sur la base d’une approche centrée sur les victimes. Cette formation s’alignait à la révision du Code pénal guinéen de 2016 qui a entraîné l’adoption de dispositions sur la traite et le trafic. Le gouvernement guinéen, à travers le Comité national de Lutte contre la Traite des Personnes et Pratiques Assimilées, a demandé l’assistance de UNODC pour pleinement mettre en œuvre cette législation.
La Guinée fait également partie du programme Sahel de l’UNODC qui vise à encourager la mise en œuvre d’un système judiciaire accessible, efficace et responsable pour lutter contre le trafic de drogues, le crime organisé, le terrorisme et la corruption dans la région.
INTERPOL : un bureau central national d’INTERPOL (BCN) existe en Guinée. Le BCN coopère dans les enquêtes transfrontalières, lors des opérations et des arrestations. Afin de développer les enquêtes transfrontalières, les membres du BCN Guinée peuvent demander une assistance auprès d’autres BCN. En 2019, INTERPOL a organisé une formation à l’attention des officiers de police guinéens. Cette formation concernait l’utilisation des outils policiers d’INTERPOL en particulier celle de la base de données concernant les documents de voyages volés ou perdus (SLDT), la fraude aux documents, la détection de personnes tentant de voyager illégalement et les flux financiers transfrontaliers illégaux. Au niveau opérationnel, l’OPROGEM et le BCN d’INTERPOL coopèrent très fréquemment dans différents domaines. Les actuels échanges de renseignements concernent principalement d’autres formes de trafics (comme le trafic de véhicules), mais aussi la traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants. Ce thème est d’ailleurs le sujet d’échanges de renseignements entre INTERPOL Guinée et le bureau régional d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. L’étroite collaboration qui existe entre la direction nationale des Guinéens de l’étranger, le département national à l’action humanitaire (SENAH), la direction nationale de la police de l’air et des frontières et l’OIM peut être constatée lors du rapatriement de migrants et la gestion de leur arrivée à l’aéroport de Conakry. Pour plus d’information : en français / en anglais.
La délégation de l’Union européenne en Guinée dirige également la coordination sur les questions migratoires et fait le lien entre les États membres de l’UE et certains ministères comme le ministère des Affaires étrangères et la direction pour les Guinéens de l’étranger. Elle peut également servir de plateforme pour coordonner et traiter en profondeur de sujets spécifiques comme le trafic illicite de migrants. Certains États membres de l’Union européenne (la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni) apportent une assistance directe au pays à travers diverses initiatives ciblant les migrations, mais qui ne ciblent pas spécifiquement la prévention et la lutte contre le trafic illicite de migrants.
En décembre 2019, Expertise France a lancé un projet de quatre ans financé par l’Union européenne sur la TEH dans six pays du Golfe de Guinée. Le projet de TEH vise à assister les autorités et la société civile de ces six pays (Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigeria) dans la lutte contre la traite des êtres humains. Cette région est en fait caractérisée par une forme de trafic circulaire transfrontalier : les pays concernés sont à la fois pays d’origine, de transit et de destination pour les victimes de la traite.
AU NIVEAU BILATÉRAL, LA GUINÉE A SIGNÉ LES ACCORDS SUIVANTS :
L’accord bilatéral Guinée- Mali sur la traite des enfants a été signé en juin 2005. Il s’applique à la lutte contre la traite des enfants notamment dans les domaines de la prévention, la protection, le rapatriement, la réhabilitation, la réinsertion, la répression et la coopération. Il précise les obligations des parties contractantes et prévoit un mécanisme de suivi.
En 2018, L’organisation Défense des Enfants International — Sierra Leone (DCI-SL) et Sabou/ DCI Guinée ont facilité la signature des procédures opérationnelles standardisées (SOPs) entre les autorités guinéennes et celles de la Sierra Leone pour en terminer avec la traite transfrontalière des enfants à Pamelap (frontière entre la République de la Sierra Leone et la République de Guinée). Les autorités concernées sont les ministères de tutelle, les officiers de sécurité en première ligne, les chefs des communautés et les acteurs de la société civile de Guinée et de la Sierra Leone. Pour plus d’information : en anglais uniquement.
Les relations bilatérales institutionnalisées de la Guinée relatives à la migration sont limitées. L’absence d’accords d’entrée, de sortie et de sécurité sociale avec un important pays de destination comme la France est à souligner.
L’un des principaux accords bilatéraux qui a été conclu est avec la Suisse. Signé en 2011, l’accord concerne les entrées et le séjour des ressortissants guinéens en Suisse et fait référence à la législation nationale applicable. Il déclare aussi que « les demandes de permis de séjour pour les citoyens guinéens seront étudiées avec soin, rapidité et bienveillance ». L’accord compte un certain nombre de mécanismes qui facilite la réintégration des migrants qui rentrent volontairement en Guinée, dont le paiement des frais de voyage depuis la Suisse, une aide financière à la réinstallation et l’assistance au développement de projets économiques individuels en Guinée. Une assistance aux autorités guinéennes concernant le développement des capacités de gestion des migrations est également envisagée ainsi que des mécanismes de coopération qui répondraient aux défis concernant la traite des êtres humains, le trafic illicite de migrants et la migration irrégulière. L’accord comporte également les dispositions classiques de réadmission. L’autre accord est celui passé avec l’Espagne en 2006 : cet accord avec les autorités espagnoles comprend les dispositions similaires à la convention passée avec la Suisse, mais a une portée plus globale. Comme cela a été souligné ci-dessus, l’accord comprend aussi des dispositions qui concernent la migration pour le travail, l’intégration des citoyens guinéens en Espagne et une assistance dans le domaine de la traite des personnes.
Accords d’extradition :
En 1995, la Guinée a ratifié les accords sur l’extradition de la CEDEAO mis en place en 1994.
La Convention A/P1/7/92 sur l’assistance mutuelle en matière criminelle est ratifiée par la Guinée en 1993.
La convention sur l’assistance juridique mutuelle et l’extradition contre le terrorisme est signée en 2008 à Rabat.
Mécanisme transnational de référence (MTR)
Il n’existe pas de mécanisme transnational de référence.
Pour en savoir plus sur les MRT, voir le projet et l’outil TACT (Transnational Referral Mechanism Model) de l’OIM
Autres instruments utilisés pour la coopération internationale
IOM DTM: Points de Suivi des flux de population – Guinée.
Guinea Migration Profile 2017: Maastricht University.
COLTE/CRC: Rapport supplémentaire sur la mise en place du protocole optionnel de la Convention sur le trafic des enfants, la prostitution et la pornographie infantile en Guinée (2016).
OFPRA : Mission de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) report (2017) (en français) .
Rapport UE de 2018 : Étude d’évaluation des besoins pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une législation et de stratégies de lutte contre le trafic illicite de migrants couvrant la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée et la CEDEAO (en français)